Avant d’être embarqués dans des camions bene qui d’habitude, transportent du moellon, ces burundais demandeurs d’asile avaient été signifiés par l’administration tanzanienne qu’ils allaient être transférés dans un autre centre d’accueil. Voyant les conditions dans lesquelles ils ont été conduits, certains d’entre eux ont eu peur et ont commencé à douter de leur destination. Quelques kilomètres plus loin, ils ont aperçu à l’horizon des collines du Burundi et ont perdu tout espoir. Certains d’entre eux qui avaient encore de l’énergie ont sauté à mi-chemin pour se réfugier dans la brousse, de peur d’être tués par les forces de sécurité burundaises.
‘’Ils nous ont déposés en province Cankuzo, exactement à Gasenyi. Le véhicule roulait à grande vitesse, à la diminution de vitesse certains ont préféré sautés. Nous ne savons pas s’ils sont encore en vie ou pas’’, témoigne un de ces demandeurs d’asile refoulés.
Mis à part ceux qui ont fui en cours de route, d’autres ont pris le large juste après leur arrivée à Cankuzo pour se réfugier dans la forêt. Des propos menaçants leur adressés par des policiers burundais démontraient qu’ils allaient être sauvagement tués.
‘’Arrivés à Gasenyi, les policiers burundais se sont moqués de nous. Ils nous disaient que nous sommes parmi les perturbateurs de la paix. Que les réfugiés sont entrain de rentrer et nous de fuir. Mais nous, ne nous sentons pas en sécurité. Nous avons peur d’être exécutés là où nous sommes,’’ ajoute notre source.
Ceux qui sont restés ont passé une nuit difficile dans le froid et sans rien manger.
‘’Nous avons passé la nuit ici, dans le froid, sans couverture et sans rien manger. Nous déplorons ce comportement de la Tanzanie qui nous a refoulés alors que nous étions déjà sous la responsabilité du HCR.’’ indique notre source
Avant d’être rapatriés de force, ils avaient quitté par contrainte le camp de transit de Bukiriro en Tanzanie suite aux gaz lacrymogène lancés par la police tanzanienne, leur ordonnant de rentrer au Burundi. C’était le Mercredi 20 septembre 2017, où beaucoup de blessés ont été enregistrés et des femmes enceintes ont accouché précocement.
Ces burundais demandeurs d’asile demandent aux organisations de défense des droits humains et à la communauté internationale de plaider leur cause pour que cesse la violence commise à leur endroit. Ils demandent également d’exercer une pression sur la Tanzanie afin qu’elle cesse de servir le pouvoir de Bujumbura qui les maltraite.
‘’Ce n’est pas pour rien qu’on fuit le Burundi, il y a de l’insécurité. Nous demandons aux défenseurs des droits humains et au HCR d’intervenir. Nous demandons surtout à la Tanzanie de vouloir accepter nos demandes de refuges. Je crois que la Tanzanie est au courant des rapports des violations des droits humains sur le Burundi. Et s’il ne veut plus de burundais qu’on nous cherche un autre pays d’accueil’’, demandent ces refoulés.
La Tanzanie et le HCR répondront du sort de ces burundais refoulés au Burundi
La Tanzanie et le Hcr, en refoulant ces burundais, ont failli à leurs missions, explique l’ancien vice-président du Burundi et président du parti Sahwanya Frodebu.
‘’La loi internationale protège quiconque quitte son pays pour aller se réfugier ailleurs. Le pays d’accueil a le devoir de sécurité la personne qui se réfugie sur son sol. Le HCR a la mission de secourir cette personne pour voir comment l’aider sur tous les plans.’’ ajoute le président du Frodebu
Selon ce leader politique, le constat est amer: les burundais n’ont plus à quel saint se vouer.
A Qui la responsabilité première?
‘’Les gens qui viennent d’être forcés à rentrer et être établis à Cankuzo, à qui la responsabilité ? Pourquoi les chasser alors qu’ils ne veulent pas rentrer ? La Tanzanie, le HCR ont une lourde responsabilité par rapport à ce qui se passe et ce qui arrivera à ces burundais’’, termine Frédéric Bamvuginyumvira.