L’ancien porte-parole du parti UPD-Zigamibanga avait été appuyé en 2012 par l’organisation TRIAL “Track Impunity Always”, une organisation internationale qui combat l’impunité qui l’a soutenu dans sa plainte devant le Comité contre la Torture. Selon l’une des responsables de TRIAL « Patrice Gahungu a été arrêté en juillet 2010 par des agents du SNR » qui ajoute qu’à leur connaissance « il a été torturé et tabassé et a aussi fait objet de traitement inhumain dans les locaux du SNR à Bujumbura ».
Selon le contenu de la décision du Comité contre la Torture, Patrice Gahungu était accusé « d’atteinte à la sécurité de l’Etat » et détenu durant 15 mois « dans des conditions absolument déplorables » ajoute notre source au sein de TRIAL.
C’est en n’obtenant pas justice au Burundi pour d’éventuelles réparations des tortures subies que l’ancien porte-parole du parti UPD a donc décidé de porter l’affaire devant le Comité contre la Torture des Nations Unies. Dans sa décision rendue publique, malheureusement après l’assassinat du plaignant ce lundi soir à Bujumbura, le Comité contre la Torture donne gain de cause à Patrice Gahungu. Selon cette décision, celle-ci rend l’Etat du Burundi responsable « et lui exige d’initier une enquête impartiale sur les événements en question dans le but de poursuivre en justice les personnes qui pourraient être responsables du traitement infligé à Patrice Gahungu ». Aussi, le Gouvernement Burundais « devra octroyer au plaignant une réparation appropriée incluant des mesures d’indemnisation pour les préjudices matériels et immatériels causés, de restitution, de réhabilitation, de satisfaction et de garantie de non répétition ». Enfin l’Etat du Burundi devra « informer le Comité contre la Torture endéans 90 jours dès transmission de la décision des mesures prises par le Comité » suite à la plainte de Patrice Gahungu.
L’organisation TRIAL ajoute un point important de cette décision qui appelle les autorités burundaises « à prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir toute menace ou acte de violence à l’encontre de la victime mais aussi de sa famille ». Car selon nos informations, Patrice Gahungu avait été menacé à plusieurs reprises par des agents et cadres du service National des Renseignements qui lui intimait l’ordre d’abandonner la plainte pour torture. A ce propos, notre source au sein de TRIAL précise que leur organisation « ne dispose pas d’informations qui permettraient d’affirmer que les menaces exercées sur Patrice Gahungu sont d’une quelconque liées à la plainte qu’il avait déposée ». Toutefois, TRIAL souligne que l’assassinat de Patrice Gahungu « ne change rien à la décision du Comité qui reste parfaitement valable » et promet de suivre de près ce dossier.