Dans cette correspondance avec annexe de neuf pages, le président Buyoya commence à rappeler au président Museveni sa triple qualité dans le conflit inter burundais ; de médiateur dans le dialogue inter burundais, d’ancien président de l’initiative régionale pour la paix au Burundi lors des négociations d’Arusha et de Garant de l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi.
L’ancien président du Burundi exhorte le président Museveni et tous les pays et organisations garant de l’accord de paix au Burundi, de réhabiliter l’accord d’Arusha afin d’éviter au peuple burundais de retomber dans une crise politico-ethnique profonde. Cette alerte est lancée parce que le président Pierre Nkurunziza a entrepris de violer l’accord d’Arusha et la constitution qui en était issue sans tenir compte des conséquences de cette violation, précise Pierre Buyoya.
Les conséquences n’ont pas tardé d’affluer : une crise politique profonde depuis l’an 2015, aggravée par les violations massives et quotidiennes des droits de l’homme ainsi qu’une instrumentalisation de la justice aux fins de réprimer ceux qui, de près ou de loin, sont considérés comme opposants au régime.
L’accord de paix a été signé le 28 Août 2000 dans la ville d’Arusha en Tanzanie. Accord qui a été considéré comme un compromis historique face à un conflit politico ethnique qui paralysait le pays pendant des décennies. Il a transformé le paysage politique du Burundi. Un climat de paix et de sérénité a régné sur toute l’étendue du territoire.
Pierre Buyoya signale que la violation de cet accord en 2015 par Pierre Nkurunziza dans le mépris total des pays et organisations garants, a plongé le pays dans le chaos. Une crise multiforme s’est installée dans le pays. Des assassinats, des disparitions forcées et près d’un demi-million de la population contraint à l’exil. L’ancien président du Burundi rappelle que le refus de dialogue de Pierre Nkurunziza inflige l’échec et humiliation aux pays voisins, au médiateur et à la communauté internationale qui avait soutenu le processus. Il ajoute que dans ce contexte de morosité général, le pouvoir de Nkurunziza se lance à la persécution des anciens leaders et les anciens officiers de l’armée sous le mobile fallacieux qu’ils auraient commandité l’assassinat du président Ndadaye le 21 Octobre 1993.
Selon Pierre Buyoya, ces poursuites après 13 ans de pouvoir du Cndd-Fdd s’inscrit dans la violation de l’accord d’Arusha parce que ce dernier avait fixé les modalités de gestion des contentieux de sang. Il regrette et condamne que l’assassinat du président Ndadaye soit aujourd’hui objet de manipulations politiques.
Pierre Buyoya se demande si l’accord d’Arusha n’est pas réhabilité, qui au Burundi pourra encore croire en une résolution pacifique d’un conflit politique.
Pierre Buyoya, qui a dirigé le Burundi la période des négociations qui ont abouti à cet accord, exhorte Yoweri Kaguta Museveni en sa triple qualité ci-haut mentionnée, d’user des moyens à sa disposition pour faire revenir à la raison Pierre Nkurunziza.