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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

18 ans après la signature de l’Accord d’Arusha, où en est le Burundi ?

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L’Accord de paix et de réconciliation entre les burundais totalisent 18 ans aujourd’hui. Ce jour arrive au moment où le Burundi traverse trois ans de crise politico-sécuritaire liée à la violation et au non-respect dudit accord. L’aboutissement de cet accord est le résultat d’un leadership fort qui a caractérisé la médiation de l’époque, ce qui manque aujourd’hui.

L’accord de paix et de réconciliation d’Arusha a été signé entre les protagonistes dans le conflit burundais le 28 Août 2000, il y a exactement, jour pour jour, 18 ans. Cet accord avait élucidé le problème burundais qui avec ses ramifications ethniques, à savoir l’ascension au pouvoir, la volonté de s’y maintenir et l’exclusion des autres. Cet accord a donné le ton aux différents accords de cessez-le feu qui ont été signé par la suite entre le gouvernement et les partis et mouvements politico-militaires armés.

 

L’accord d’Arusha prévoyait principalement le partage du pouvoir, la réforme et la restructuration des corps de défense et de sécurité, la limitation des mandats présidentiels à deux quinquennats ainsi qu’à une justice transitionnelle après les séances de vérité, justice et réconciliation. Justice parce qu’au cours de la guerre qui a duré plus d’une décennie, des crimes impardonnables, in amnistiables et imprescriptibles internationalement réprimées avaient été commises par les  membres des partis et mouvements politico-militaires armés et certains éléments des corps de défense et de sécurité de l’époque. Cet accord qui a permis au peuple burundais de recouvrer la paix après plus d’une décennie de guerre civile, a vu le jour grâce à la bonne volonté du régime du Major Pierre BUYOYA qui a accepté de négocier avec ses opposants qualifiés à l’époque de terroristes tribalo-génocidaires. Cela a été rendu possible par les efforts des équipes de la médiation dont feux NYERERE et MANDELA, sans oublier la force de leur leadership. Les efforts de la sous-région et de la communauté internationale ont été d’une importance capitale. Comme les efforts de l’union africaine, de l’ONU via son secrétaire général de l’époque Koffi ANNAN et le président américain d’alors, Bill CLINTON.

 

Depuis 2015, Pierre NKURUNZIZA a fait un forcing électoral pour un troisième mandat jugé illégal et qui viole cet accord ainsi que la constitution qui en était issue. Le Burundi sombre depuis lors dans une crise politico-sécuritaire qui a fait plus de 3.000 morts, plus de 8.000 prisonniers, environ 2.000 cas de disparitions forcées et plus de 400.000 réfugiés, selon les rapports des organisations des droits de l’homme. 

 

Des accords qui en réalité ne sont pas si parfaits qu’ils en ont l’aire

 

Même si ces accords d’Arusha ont apporté un plus au Burundi, ils ne sont pas si parfaits que ça vu qu’ils écartent une certaine catégorie de gens. Propos d’Alexis SINDUHIJE, un des burundais qui a suivi de près le processus de leur mise en place, et qui a d’ailleurs couvert cet évènement en tant que journaliste.

 

Néanmoins, ce politique rappelle que pour que ces négociations aboutissent, quelques tactiques et stratégies ont été utilisées. « J’aimerai tout d’abord rappeler deux choses! Même si les accords d’Arusha sont présentés aujourd’hui comme une panachée, ils présentent une faiblesse énorme parce que, d’abord c’est un accord qui a été conçu, dans sa discussion, dans une logique identitaire pour expliquer et trouver des solutions politiques. A mon avis, on aurait dû inverser la tangente. C’est-à-dire réfléchir de manière politique pour résoudre le problème. Mais malheureusement, ça n’a pas marché. Et comme résultat, l’Accord d’Arusha a produit la victoire d’une ethnie sur l’autre. Ce qui signifie qu’il y a une ethnie qui doit commander les autres ethnies. C’est ça la faiblesse énorme de l’Accord d’Arusha. Pour ce qui est de savoir ce qui s’est réellement passé pour arriver à cet Accord d’Arusha,  je pense que cela a été rendu possible grâce à 3 principales stratégies. La première, c’était les sanctions économiques. Il y avait l’arrêt de la coopération avec les Etats-Unis d’Amérique, la Banque Mondiale, etc. Il y avait aussi l’arrêt de la coopération avec l’Union Européenne. Ce qui était énorme pour un pays comme le Burundi qui vivait, et qui continue de vivre de la perfusion de l’aide internationale. La deuxième pression venait des sanctions économiques de la région. Sur influence de l’ancien président tanzanien, Mwalimu Julius NYERERE, il y a eu un embargo économique total. Aucun avion ne pouvait atterrir ni décoller de l’aéroport international de Bujumbura. Cela a été très efficace pour pousser le pouvoir à aller négocier. La troisième pression fut la lutte armée. Mais cette dernière était vraiment très fragile et très faible pour convaincre l’Etat burundais à aller négocier. Bref, ce sont les deux premières formes de pression qui ont fait que le gouvernement burundais d l’époque se plie à la volonté internationale de négocier avec les belligérants parce que, vous devrez comprendre que chez nous, la logique politique, ce sont les rapports des forces militaires. »      

 

Et à propos de cette impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui le dialogue inter-burundais, Alexis SINDUHIJE endosse la responsabilité à la médiation et à la sous-région qui ont, selon lui, lamentablement échoué. Et d’appeler l’opposition burundaise à récuser la médiation actuelle au profit d’autres organes habilités.

 

« D’abord, il manque énormément la bonne volonté et la bonne foi de la communauté est africaine. En ce sens qu’il y a l’axe Kampala-Dar-Es-Salaam qui n’y met pas du sien dans la résolution du conflit burundais. Et il se fait aussi que les deux ont le dessus de la médiation. Ce qui fait que les négociations ont du mal à décoller. Donc, à mon avis, la première chose que l’opposition devrait exiger, c’est la récusation de la médiation de l’East African Community, donc du Président  Museveni. En ce qui me concerne en tout cas, ma position est d’en finir avec cette médiation et de demander à l’Union Africaine et à l’ONU de se saisir du dossier. Parce que, aujourd’hui, ce qu’il faut négocier, ce sont les conditions favorables pour une élection libre, transparente et juste. Donc, je crois qu’il est utile, et même nécessaire pour la médiation et la facilitation, de reconnaitre qu’ils ont échoué. Il faut qu’ils reconnaissent leur incapacité et leur incompétence et après démissionner. Sinon, l’opposition devrait exiger leur départ. »  

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