Itw exclusive avec Pr Julien Nimubona : « Le Burundi traverse une crise de sens et d'idées mobilisatrices »
La faible participation des Burundais à l'inscription sur les listes électorales révèle une profonde crise multidimensionnelle au Burundi, selon l'analyse d'un éminent politologue. Le Professeur Julien Nimubona appelle les acteurs politiques à repenser leurs idéologies, estimant que le discours ethnique ne convainc plus. Face au manque d'engouement, les autorités ont décidé de rendre l'inscription obligatoire.
En tant qu'expert politique, quelle lecture avez-vous faite de cette réticence des Burundais à se faire inscrire pour pouvoir participer aux prochaines élections ?
La première grande lecture que j'ai faite, c'est une profonde crise, une crise multidimensionnelle. Mais la plus importante, c'est une crise de sens de la politique, une crise des idéologies mobilisatrices qui, jusque-là, étaient utilisées par les acteurs politiques pour mobiliser la population. Alors, la première grande crise est donc une crise idéologique. Quand on regarde bien les élections depuis 1993 jusqu'en 2020, les populations étaient mobilisées sur la base d'un clivage unique, identitaire de nature ethnique.
Et la population avait été sensibilisée sur l'idée qu'on sera mieux, on sera au ciel si on est gouverné par les siens ethniques. Et ça a continué à chaque élection, on rappelait constamment cette identité. En 2020, la dernière élection, je me souviens que c'était l'argument du Parti CNDD-FDD contre Agathon Rwasa, dont on disait qu'il charriait, qu'il était en quelque sorte le cheval de Troie des Tutsi pour revenir au pouvoir. Et de cette manière-là, on l'a cassé. En plus, évidemment, des fraudes qui vont suivre.
Entre 2015 et 2020, le Parti CNDD-FDD a constaté que l'argument idéologique ethnique ne marchait pas vraiment pour continuer à mobiliser. Il avait alors inventé un dérivatif que j'appelle l'ethno nationalisme régional. C'est un populisme très connu dans la région. Son populisme ethno nationaliste consistait à dire que l'ennemi du Burundi, il est à l'extérieur du Burundi. C'était le Rwanda et les colonisateurs ‘’les Bazungu’’ qui se sont alliés pour tenter de renverser les institutions et le pouvoir que le peuple majoritaire avait mis en place, le pouvoir démocratique. Jusqu'à très récemment, avec l'intervention du Burundi au nord Kivu, c'est sur la base de cette idéologie-là. Mais on se rend compte que ça ne fait pas manger la population.
On s'est rendu compte que pendant toutes ces années-là, il a manqué de tout. Surtout à partir de 2015, avec les sanctions que le Burundi a subies, il a manqué de tout. On s'est rendu compte que l'idéologie populiste ethno nationaliste ne nourrit pas, ne donne pas le sucre, ne réduit pas les prix, ne donne pas les devises pour avoir le carburant, pour avoir les médicaments. Le pays se trouve du point de vue socio-économique dans une situation catastrophique et la population le voit. C'est ce que j'appelle une crise idéologique. Et on se rend compte que les élites politiques qui nous gouvernent, de tous les partis politiques, n'ont pas inventé une autre idéologie mobilisatrice. Voilà la première crise majeure, selon moi, qui fait qu'aujourd'hui, les gens ne sont plus mobilisés pour aller voter.
Deuxième crise majeure, c'est une crise économique. C'est une crise économique et structurelle.
Les gens banalisent en disant, oui, il y a de la mauvaise gestion. Oui, il y a de l'embargo. Oui, il y a des détournements. Il y a une constitution d'oligarques qui ne font que piller l'économie burundaise. Mais même en situation de bonne gouvernance, vous avez un pays qui a des limites. Mais il faut que les élites, il faut que les dirigeants l'acceptent et le reconnaissent.
Le remplacement de ce populisme ethno-nationaliste qui ne marchait plus a fait que le président Évariste Ndayishimiye a cherché une autre piste d'idéologie mobilisatrice, c'est l'idéologie du développement. Ce que j'appelle un mythe du développement économique avec cette histoire de vision 2040, vision 2060. Sauf que deux conditions manquent terriblement.
La première condition, c'est qu'on ne peut pas avoir un développement économique si on n'a pas une solution à la fragilité de l'État-nation. C'est-à-dire si on n'a pas une solution durable pour les questions politiques, de réfugiés politiques, d'intégration des communautés identitaires dans le système politique qui entretiennent, si vous voulez, ces divisions qui continuent d'entretenir des méfiances à l'égard du système politique et qui contiennent, si vous voulez, les investisseurs qui le voient, qui voient que le pays ne se stabilise pas. Il y a des menaces sur le pays.
Deuxième condition qui manque, ce sont les ressources économiques. La vision 2040-2060 exige d'immenses ressources économiques sur le plan intérieur qu'il faut mobiliser, notamment en jouant sur l'extraordinaire bonne gouvernance que l'on n'arrête pas de clamer. Mais deuxièmement, qui demande une ouverture à la communauté internationale. Ça, c'est le piège de la fameuse souveraineté dont nous jouissons selon les politiques. Mais ce discours sur la souveraineté a des limites, on le voit très bien. On ne pourra pas avancer sur ce terrain-là aussi si on n'a pas relevé le défi des bonnes relations diplomatiques qui commencent par les bonnes relations politiques intérieures. Et cela permettra aux amis du Burundi de venir au secours pour le financement du développement économique et social.
La troisième crise que je vois, c'est une crise politique et institutionnelle. Je l'avais déjà dit, en 2018, on change la Constitution, on amène des mandats de sept ans pour le président, des mandats de cinq ans pour les législatives, c'est-à-dire pour l'exécutif, pour le gouvernement. J'ai crié en disant attention au conflit entre l'exécutif et le législatif. J'ai donné des exemples du Niger, lorsqu'ils avaient importé le modèle constitutionnel de la Ve République française, que même ce pays a abandonné en adoptant la concordance des mandats de 5-5 pour le président et pour les législatives. Ils ont voulu construire une constitution taillée sur mesures. C'était pour le président Pierre Nkurunziza, qui devait être un roi éternel.
Maintenant, on a un président qui a assez de temps et qui n'est pas impliqué dans la campagne électorale de 2025. Et une situation ubuesque, parce qu'on se rend compte aussi que les conflits internes aux partis au pouvoir jaillissent sur le contexte. Donc, le mode de scrutin et les mandats qui ont été mis en place bloquent aujourd'hui la mobilisation électorale. Les Burundais savent se mobiliser quand il s'agit d'élire un président. Ils le font moins quand il s'agit de députés et d'élus communaux. Parce que par ailleurs, comme vous le savez, ces députés sont élus sur base des listes bloquées. Donc, on n'élit des partis, pas des personnalités. Donc, les candidats individuels qui devraient normalement mobiliser chez eux, colline par colline, maison par maison, ne le font pas parce qu'ils sont adoubés par leur parti politique. Ils doivent leur allégeance aux états-majors du parti, au président du parti, plutôt qu'à leurs électeurs. Ils le savent, ces électeurs, ils le voient. Ils voient l'inefficacité de ces personnalités à la base parce qu'ils voient qu'ils rendent compte ailleurs. Y compris, vous vous rendez compte, les administrateurs qui sont extraits des listes des conseillers communaux. Ça, c'est une crise institutionnelle. Une crise politique qui accompagne ce que j'évoquais, c'est alors la question de l'État. On a l'impression que nos élites ne savent pas ce que c'est l'État.
L'État est confondu avec un instrument au service d'un groupe, au service d'individus. Les marchés publics sont attribués à des individus qui, en retour, vont pantoufler les élites du parti au pouvoir ou vont financer le parti au pouvoir. Et ça devient une complexité au niveau de la corruption généralisée de l'État.
Et par conséquent, cet État devient protecteur uniquement des membres du parti majoritaire ou alors des potentats, des oligarques qui contrôlent l'économie, l'armée et l'administration. Du coup, la population le voit. Il voit très bien que l'État est privatisé. L'État est aux mains d'un certain nombre d'individus qui en profitent, tandis qu'elle est délaissée à elle-même. Cette crise de l'État pose aussi le problème, effectivement, de qui m'appelle à aller voter. Pour qui ? Sur qui vais-je m'accrocher ? Qui va me protéger ? Qui va nous égaliser tous ? Lorsqu'on voit les services de la documentation enlever des gens et il n'y a pas de poursuites.
Cet État partisan est devenu un État partial. Et cet État partial-là crée, et ce depuis longtemps quand même, depuis même le régime à partie unique, crée l'impunité des crimes. Et c'est cette impunité des crimes qui fait qu'on fait ce qu'on veut.
On dit si vous n'allez pas voter, vous n'allez pas au marché, vous n'allez pas manger. Vous faites ce qu'on veut. Et donc cela crée un climat de confiance malsain. C'est ce que j'appelle la crise de confiance dans les autorités politiques, dans l'État. Et comme les dirigeants de l'État savent qu'ils ne sont pas efficaces sur le plan socio-économique, et sur le plan politique, ils n'ont plus d'instruments de mobilisation, je viens de le montrer, idéologiques, politiques, institutionnels. Eh bien, ce qui reste, c'est la peur qui envahit les gens.
Et l'État n'a plus d'autres ressources que de recourir à la violence, y compris physique, pour amener les gens à aller voter. Voilà comment je vois cette crise majeure, fondamentale, qui fait qu'entre la population et l'État, entre la population et les politiques, il y a une crise profonde de confiance liée à l'inefficacité, un, du discours mobilisateur, deux, aux satisfactions socio-économiques que l'on peut tirer de la gestion de l'État.
Ce forcing pour pouvoir réunir des chiffres élevés d’inscrits ne va pas aggraver cette crise de confiance dont vous venez de parler ?
Absolument. Lorsqu'un pouvoir est contraint, obligé de recourir à la force, cela montre quelque part des dysfonctionnements au niveau légal, au niveau persuasion. Or, les populations adhèrent d'autant plus facilement qu'elles sont convaincues de la démarche suivie. Le recours à la violence n'est jamais une démarche acceptable. Donc, ça va accroître le fossé entre la population et le pouvoir, sachant que ce recours à la violence se fait en dehors de la loi. La constitution, le code électoral, n'oblige pas la population à aller se faire inscrire ou aller voter.
Mais qu'est-ce que le pouvoir cherche ? Avoir le maximum d'inscrits. Premièrement, on peut positiver cela en disant qu'il cherche à montrer qu'il a une capacité de mobilisation et qu'il a été élu par la majorité de la population. Mais dans l'autre sens, et c'est ça que je crains, c'est plutôt pour justifier deux grandes sources de conflits électoraux.
C'est le bourrage d’urnes, c'est-à-dire pour aller justifier si lors du vote, les gens s'abstiennent, sont restés chez eux, on dira quand même qu'il y a eu vote. Donc, on fait le bourrage d’urnes. Deuxième utilisation, c'est qu'on va aussi faire de l'emplacement, c'est-à-dire si tout le monde a voté contre le pouvoir, on s'occupe d'avoir des bulletins bien remplis qui sont mis dans d'autres isoloirs et qui vont remplacer les votes contre le système.Donc, il faut avoir les deux orientations, sinon on ne voit pas pourquoi on n'empêcherait les électeurs burundais de s'abstenir d'aller se faire inscrire s'ils ne voient pas d'issue positive pour leur vie quotidienne.
Vos recherches vous ont amené à classer l'électorat burundais en trois catégories, une majorité qui vote selon l'ethnie, la deuxième catégorie qui vote par clientélisme et une minorité des intellectuels plus rationnels. Avec ce faible taux d'inscription, tel que vous l'avez décrit, on pourrait parler d'une prise de conscience. Peut-on s'attendre à un changement de catégorisation de l'électorat burundais ?
Non, je ne crois pas. Je ne pense pas... D'abord, déjà, il faut attendre la fin de la période d'inscription pour conclure. Mais je pense que si les Burundais ne se sont pas mobilisés pour aller se faire inscrire assez tôt, ce n'est pas parce qu'ils ont dépassé le clivage ethnique. Je ne le crois pas. Ils ne sont pas devenus rationnels. Ils ne sont pas devenus des intellectuels critiques. C'est simplement un dégoût. Un dégoût par rapport à un mensonge, par rapport au comportement de leurs congénères, c'est-à-dire des gens qui revendiquaient les représenter ethniquement. Donc, les études que je réalise depuis au moins 1993, jusqu'à très récemment en 2020, montrent très bien que vous avez une superposition de culture politique.
Il y a toujours une couche de culture politique ethniste très dominante parce qu'en fait, c'est la grande majorité de la population qui n'a pas eu la chance d'être formée pour être critique par rapport au discours, par rapport à l'efficience du pouvoir politique. Vous avez ensuite, et ça, c'est généralement dans les couches intermédiaires, ce qu'on appelle en anglais les « intellectual prisons », c'est-à-dire les intermédiaires, moniteurs agricoles, enseignants d'école secondaire, primaire, et même des fonctionnaires, des cadres, qui sont dans une configuration que nous appelons dépendance verticale à l'égard du pouvoir, à l'égard de ceux qui gouvernent, parce qu'ils ont besoin de manger et de boire, parce qu'ils ont besoin d'exister socialement. Et ceux-là font allégeance au pouvoir institué. Donc, ce sont les clients du patron au pouvoir. Et ceux-là ne sont pas critiques. Parfois même, on trouve parmi eux les chiens de garde, comme je les appelle, c'est-à-dire les grands défenseurs du pouvoir en place. Ils ont toujours existé. Et ça, c'est une culture burundaise très, très monarchiste, où vous avez des clients de patron. Et à tous les niveaux, le président a ses clients, le ministre a ses clients, jusqu'au chef de colline qui a également ses clients. Donc, ceux-là, ils ne sont pas critiques. Ils suivent tout simplement le réseau du patronage.
Enfin, vous avez effectivement dans les villes et chez les intellectuels de l'extérieur des gens qui sont plutôt rationnels.
D'ailleurs, dans les analyses que j'ai entendues à propos de la sorte d'abstention des inscriptions, j'ai entendu beaucoup de gens dire non, non, non, c'est parce qu'ils sont pauvres, parce qu'ils ne voient pas de résultat, parce qu'on juge le comportement de la population sur base de l'insatisfaction socio-économique. Je ne suis pas sûr que ce soit cela la grande explication. Les intellectuels sont plus avancés que la grosse, grosse majorité de la population qui est aujourd'hui plutôt déçue, mais qui ne rompt pas avec la culture politique majoritaire.
Que devraient comprendre les dirigeants actuels du pays et qu'est-ce qu'ils devraient faire face à ce message leur envoyé par les électeurs?
Je pense que le pouvoir devrait absolument être attentif. Ce n'est pas seulement le pouvoir, c'est aussi l'opposition, c'est aussi toutes les élites. Quand je dis qu'il y a une crise de sens, il y a une crise d'idées mobilisatrices, il faut les créer.
Et ça, ce n'est pas seulement au Burundi, regardez les démocraties occidentales, ce sont les populismes racistes, ce sont les peurs que l'on mobilise. En France, l'extrême droite, en Allemagne, aux Pays-Bas, aux États-Unis avec Donald Trump, etc. Donc un peu partout, lorsque les idéologies libérales classiques ou socialistes classiques qui inspiraient le développement ne sont plus efficaces pour satisfaire les besoins de plus en plus croissants, les élites se fouillent vers les populismes.
Chez nous, les populismes que nous avons connus, j'en ai parlé tout à l'heure, dans la région des Grands Lacs, le populisme ethno nationaliste est à l'œuvre autour du conflit congolo-régional. Et au Burundi, il a commencé en 2015. Ce discours n'est pas porteur, ce discours ne résoudra pas les problèmes extrêmement urgents, pressants que vivent les populations burundaises.
Et je crois que les élites qui voudraient bien gouverner ce pays ont davantage intérêt à penser à des valeurs de gestion de l'État. On parle souvent de bonne gouvernance, mais on n'a pas toujours le contenu. On parle de recours aux valeurs traditionnelles, mais on n'a pas toujours le contenu opérationnel en ce moment où nous faisons une sorte de transition vers la mondialisation. Et on parle, n'est-ce pas, de tourner vers les valeurs du développement occidental. Ce n'est pas non plus ça. Ça, c'est encouragé par les théoriciens des technologies de l'information et de la communication.
Il faut beaucoup plus penser à de nouvelles idées, à de nouveaux systèmes de gouvernance propres à nos sociétés. Je pense que l’accord d’Arusha avait jeté les premières bases. Malheureusement, on semble écarter cette plateforme qui était un bon point de départ, qui mérite aujourd'hui d'être refondée et repensée.
Le vote est un devoir de tout citoyen, les élections constituent la meilleure voie de changer les dirigeants. Faut-il poursuivre les préparatifs et aller jusqu'aux élections 2025-2027, malgré la grande crise multidimensionnelle que vous venez de décrire ? Quelle est la solution idéale, selon vous, pour le pays et qui est faisable aujourd'hui ?
Hélas, je ne crois pas qu'on ait le temps pour laisser les chances d'une issue agréable.
Je le dis depuis un certain nombre d'années, qu'on aurait pu penser que le président de la République, Evariste Ndayishimiye, commence par ce que j'ai appelé la résolution de la fragilité de l'État-nationale. N'est-ce pas ? La résolution d'une crise politique majeure, notamment en organisant un dialogue ouvert, ouvert à toutes les couches de la population et à des réfugiés, à des gens qui ont été spoliés quasiment de leur nationalité, de leur pays, suite au conflit de 2015, qui est lui-même conflictuel entre les élites politiques, qui n'est pas tranché, contrairement à l'opinion du gouvernement. On aurait aimé commencer par là et ensuite engager le processus démocratique et les élections en toute sérénité. Ce n'est pas le cas.
Aujourd'hui, si on reporte ces élections, on tombe dans ce qu'on appelle le vide constitutionnel et institutionnel. Est-ce que nos élites sont armées pour résoudre ce genre de crise ? Je n'en suis pas sûr.
Pour autant, est-ce qu'on va vers la démocratie avec ces élections-là ? J'ai eu l'occasion de le dire. L'armée n'a jamais démocratisé nulle part. Nous sommes gouvernés par des généraux, tout le monde le sait. Mais en plus de ça, si j'analyse la culture politique du parti au pouvoir, les chansons des militants, les discours des leaders de ce parti, ils vous disent clairement que nous avons lutté à preuve mort pour cette victoire, nous ne lâcherons pas. Ça veut dire qu'il n'y a pas d'attitude d'ouverture. Ça veut dire qu'on organise les élections, mais un bon analyste sait qu'on va vers, quoi qu'il arrive, une reconduction du même pouvoir. Il peut être malin en redistribuant deux, trois, quatre, cinq positions à certains partis pour montrer à l'opinion internationale qu'il est ouvert, mais loin de moi de penser qu'il y aura des élections. Sincèrement, la démocratie, telle que nous définissons la démocratie et les élections telles que nous l'entendons, ce n'est pas ça.
Quelle projection faites-vous du Burundi en 2025-2027 après les présidentielles ?
Moi, j'en appelle à la grande responsabilité des élites qui sont au pouvoir aujourd'hui, à celles qui sont dans l'opposition et à tous les amis du Burundi, je veux dire des Burundais eux-mêmes, des intellectuels, à se mettre en tête qu'il faut un changement. Il faut un changement, mais il faut le penser. Il faut le penser. J'aime pas les changements qui ne sont pas pensés, qui sont brutaux, comme on l'a vu en 2015, n'est-ce pas ? Des gens qui ont voulu profiter d'une mobilisation d’une population civile, d'une société civile, pour prétendre prendre un pouvoir alors qu'ils n'ont jamais pensé un seul instant ce qu'il fallait faire.
Voilà personnellement ce que je pense. Il faut penser à un changement et cela devra sans doute faire un front immense allant du parti au pouvoir aujourd'hui et des élites, Hutu et Tutsi où qu'elles soient, qui aiment le Burundi. Sinon, on court vraiment la catastrophe.