Des militaires burundais condamnés à parcourir le pays à pied après avoir réclamé leurs soldes
Par : Désiré Hatungimana
Plus de 500 militaires burundais ont été contraints de parcourir le pays à pied depuis le dimanche 19 octobre, après avoir réclamé le paiement de leurs soldes accumulées lors des missions en Somalie et en République démocratique du Congo. Certains dénoncent des traitements inhumains et tiennent le chef d’état-major de l’armée, le lieutenant-général Prime Niyongabo, ainsi que le général Élie Ndizigiye, adjoint du commandant des forces terrestres, pour responsables des tortures qu’ils subissent.
Ces militaires ont été contraints de quitter le camp de Muzinda, dans la province de Bujumbura, pour faire le tour du Burundi à pied. La décision a été prise après qu’ils ont réclamé le paiement de leurs soldes accumulées durant leurs missions en République démocratique du Congo et en Somalie. Plusieurs d’entre eux affirment avoir été qualifiés de « rebelles » pour avoir simplement demandé l’argent qui leur est dû.
Selon leurs témoignages, certains militaires sont morts en cours de route, tandis que d’autres sont dans un état critique. « Il y a ceux qui sont restés dans les forêts parce qu’ils étaient malades. Il n’y avait ni véhicule derrière nous ni médecin. On nous a dit qu’il n’était pas question de dire que tu es malade. Si tu meurs, tant pis pour toi, on ramassera les corps », rapporte l’un d’entre eux.
Les soldats affirment que le commandement militaire ne tient aucun compte de leur état de santé : même les malades ou les plus faibles sont contraints de marcher. D’après des sources militaires contactées, cette sanction ne figure dans aucun texte régissant l’armée burundaise. « Ce sont des pratiques dignes d’un maquis, pas d’une armée nationale », confie un ancien haut gradé.
Les militaires concernés venaient de passer deux ans au front en République démocratique du Congo sous le commandement du général Ndizigiye, surnommé « Muzinga ». Ils expliquent que la guerre à laquelle ils ont pris part reste entourée de zones d’ombre, faute d’accords officiels connus entre les armées congolaise et burundaise. Plusieurs observateurs et citoyens avaient déjà dénoncé cette intervention militaire, jugée coûteuse en vies humaines et motivée par des intérêts politiques.
Ceux qui ont refusé de participer à cette guerre ont été emprisonnés, tandis que ceux qui y ont pris part subissent aujourd’hui cette punition. Les militaires ayant déjà atteint la commune de Ruyigi, à l’est du pays, se disent inquiets pour leurs camarades restés en route. Leur destination finale, selon eux, est le camp de Mutukura à Cankuzo, où certains d’entre eux devraient, selon leurs informations, poursuivre une formation militaire, tandis que d’autres risquent la prison.

