Après la mise en exécution de la nouvelle loi sur le code de la circulation routière fin 2012, une association de démobilisés du CNDD-FDD principalement a commencé à vendre des autocollants qu’ils appelaient ‘’catadioptre’’ dans les enceintes de l’OTRACO au début de l’année 2014. Ces autocollants, à mettre à l’arrière du véhicule, étaient vendus entre 10.000 et 15.000 francs en fonction du type de véhicule : voiture, jeep, bus ou camion.
Dans les faits, tout véhicule qui se dirige vers l’OTRACO pour renouveler une fiche de contrôle technique est d’abord dirigé vers une petite tente à côté des bureaux des employés de l’OTRACO. Cette tente appartient à l’Association « National Civilian Corps Volunteers Association » qui a obtenu, sans que personne ne sache très bien comment, le monopole de vente de ces autocollants lumineux jaune et rouge. Ce n’est qu’après avoir reçu ces autocollants que le conducteur poursuit les procédures restantes liées à l’octroi du contrôle technique.
Décriés par les conducteurs qui accusaient l’OTRACO de vol systématique, cela a fait le tour des médias et l’OLUCOME a mené une campagne pour mettre un terme à cette vente illégale. « Un catadioptre n’est pas un autocollant à ajouter sur le véhicule ; mais plutôt un effet réflecteur incorporé dans tous les feux arrière des véhicules », argumentaient les conducteurs au mois de février 2015, lassés d’être dépouillés. Après de multiples plaintes, le Ministre des transports de l’époque Déo Rurimunzu décide de suspendre la vente de ces autocollants dans les enceintes de l’OTRACO comme préalable au contrôle technique.
Cependant, son successeur à ce poste, Virginie Ciza, ne tarde pas à faire revenir cette pratique à l’OTRACO où les ventes des autocollants reprennent de plus belle fin 2014. L’OLUCOME a déclaré que cette association de démobilisés engrange environ « 324 millions de francs chaque année en moyenne ».
Après deux années de pratiques de cette vente des autocollants, c’est le même ministère des transports dirigé cette fois par Jean Bosco Ntunzwenimana qui vient d’interdire depuis le 21 février 2017 la vente de ces autocollants dits catadioptriques. Dans sa correspondance adressée au directeur général de l’OTRACO, le ministre explique que « le port forcé des autocollants catadioptriques n’a jamais été une mesure du ministère des transports et est par conséquent suspendu ».
Plusieurs questions se posent cependant au vu de l’évolution de cette affaire. Ainsi, comment le ministre actuel des transports peut argumenter que cette mesure de vente des autocollants n’émane pas de son ministère puisque l’association qui les vendait avait l’autorisation du même ministère ? Aussi, l’un de ces prédécesseurs avait déjà annulé cette vente illégale mais les ministres qui l’ont succédé n’ont pas tenus compte de cela. Est-ce dire que l’autorité ministérielle y voyait un intérêt ?
Les conducteurs sont les plus furieux et exigent que l’argent payé au cours de ces 3 dernières années pour ces autocollants leur soit remis, puisque le ministère constate l’illégalité de leur vente. De plus, ces autocollants étaient décriés pour leur mauvaise qualité ; car ils se décolorent au fil des jours suite au soleil et l’eau utilisée pour laver les véhicules et n’ont donc plus d’effet.
L’association des démobilisés qui s’était implantée dans les enceintes de l’OTRACO s’en sort indemne de cette affaire, avec des centaines de millions de francs collectés ces dernières années, constatent les mêmes conducteurs.