Le cercle de Pierre NKURUNZIZA au cœur du détournement des fonds du budget de l’AMISOM au Burundi
Cela fait plus de deux ans que le gouvernement burundais a annoncé l’arrivée d’un jet présidentiel. Ce jet, au regard des documents de payement, a coûté plus de 15 milliards de francs burundais et devait remplacer le jet présidentiel vendu de manière frauduleuse en 2006. Tous les payements ont été effectués grâce aux fonds perçus en compensation de la participation du Burundi à l’AMISOM, la mission de maintien de la paix en Somalie.
C’était au mois d’octobre 2014 que l’annonce de l’achat d’un jet pour le Président burundais, Pierre NKURUNZIZA, tombe. Tous les porte-paroles du Président, par médias interposés, s’activent pour relayer la bonne nouvelle et l’exploit de la présidence. En tête, Willy Nyamitwe, alors porte- parole du président et Philippe Nzobonariba, porte- parole du gouvernement.
Aujourd’hui, 2 ans après cette annonce, ce jet présidentiel n’est toujours pas arrivé sur le sol burundais. Ce qui est sûr, plus de 15 milliards de francs burundais ont été dépensés, si pas détournés, pour l’achat de ce jet présidentiel.
Parmi les architectes de ce pseudo-achat du jet présidentiel figurent Alain Guillaume Bunyoni, alors Chef de Cabinet Civil du Président ; Tabu Abdallah Manirakiza, alors Ministre des Finances et de la Planification du Développement Economique ; Pontien Gaciyubwenge, ancien Ministre de la Défense Nationale ; Chérif Aidara, un courtier à l’époque nommé comme Ambassadeur du Burundi en Côte d’Ivoire ; Arnaud Poisson, un autre courtier qui a agi comme Directeur de l’entreprise Air Jet Consult Limited que le gouvernement burundais avait mandaté pour acheter le jet présidentiel.
Tout se joue grâce aux revenus des missions de maintien de la paix
Ce montant de 15 milliards a été crédité sur le compte AMISOM N° GPTE 33021247 ouvert à la Banque de la République du Burundi, selon des enquêtes de la RPA.
Tout commence au mois de janvier 2014. Le compte alimenté par les revenus de l’AMISOM du Ministère de la défense et des Anciens Combattants ouvert à la Banque de la République du Burundi est bien garni grâce à la présence de plus de 5.000 hommes du contingent burundais en Somalie.
Ce compte attire alors l’attention des appétits du cercle présidentiel, nous expliquent des sources. Ce dernier met vite en place un plan d’achat d’un jet présidentiel pour mettre la main sur les montants qui transitent sur ce compte. « Selon ses concepteurs, ce plan devait passer facilement dans l’opinion vu que le Président Pierre Nkurunziza n’avait pas d’avion », poursuivent nos sources.
Bunyoni, maître d’œuvre de la supercherie
La principale tâche est confiée à Alain Guillaume Bunyoni, alors Chef de Cabinet Civil et bras droit de Pierre Nkurunziza.
Ainsi, le 27 janvier 2014, Alain Guillaume Bunyoni adresse une correspondance aux Ministres de la défense et celui des Finances dont l’objet en marge est un transfert. La correspondance demande à ces 2 ministres « de transférer le montant de 700 milles dollars américains du compte de l’AMISOM au compte séquestre en guise de frais d’engagement de la République du Burundi ».
La banque bénéficiaire de ces fonds est l’International Bank of Commerce, basée au Texas aux Etats-Unis. Selon les documents signés par Bunyoni, l’avion qui serait acheté est un Golfstream G-IV. Le transfert est alors exécuté deux jours après la correspondance de Bunyoni, soit le 29 janvier 2014.
Deux mois après, c’est le même Chef de Cabinet Bunyoni qui adresse une autre correspondance aux deux ministres ci-hauts cités. Cette fois, c’est pour leur demander de transférer 450 mille dollars américains au même compte séquestre en guise de frais relatifs à l’inspection avant achat et des prestations liées avant la livraison du Golfstrean. Des documents attestent que le transfert est exécuté le 18 mars 2014.
Le 30 avril 2014, Jean Bosco Ndikumana, alors Chef de Cabinet Civil Adjoint du Président, transmet une facture de 5,3 millions de dollars américains au Ministre de la défense pour le paiement de la 2ème tranche du jet présidentiel.
Comme si cela ne suffisait pas, Alain Guillaume Bunyoni s’empresse de retransmettre encore une fois la même facture deux jours après au même Ministre de la défense. Par ailleurs, cette facture ne sera pas payée aussi rapidement que les deux autres premières. L’ordre de virement pour payer cette facture intervient 20 jours après, soit le 22 mai 2014.
Jusqu’à ce jour de publication de l’article, le jet présidentiel aura déjà coûté, sinon permis le détournement de 6,45 millions de dollars américains et l’avion en question n’a jamais atterri à Bujumbura.
Le compte de l’AMISOM dans le viseur d’Alain Guillaume BUNYONI
L’Architecte du détournement des fonds de l’AMISOM, Alain Guillaume BUNYONI, gardait à la loupe le solde du compte AMISOM.
Ceci transparaît dans une note qu’il a transmise aux ministres des finances et celui de la défense en date du 22 Août 2014 pour exiger un payement d’une facture de 2 millions 956 mille 500 dollars américains. Mais en définitive, il y a eu un pseudo- transfert de 2 millions de dollars américains.
Avec le mois de mai 2014, il y avait eu déjà un transfert sinon un détournement de 6,45 millions de dollars américains.
Il fallait attendre le mois d’Août 2014 pour que le compte de l’AMISOM soit de nouveau approvisionné pour enclencher une nouvelle manœuvre pour s’emparer de ce fonds. Cette fois, Alain Guillaume BUNYONI s’illustre en lanceur d’alerte.
C’est cette alerte qui fera l’objet d’une note rédigée à la main par Alain Guillaume BUNYONI et envoyée aux ministres des finances, Tabu Abdallah MANIRAKIZA et celui de la défense, Potien GACIYUBWENGE en date du 22 Août 2014 pour leur demander de s’exécuter chacun en ce qui le concerne pour effectuer le payement de la facture des 2 millions 956 mille 500 dollars américains pour la dernière tranche de paiement de l’avion présidentiel avant la date butoir du 26 Août 2014.
Alain Guillaume BUNYONI tient même à souligner cette phrase « Il faut tout faire pour éviter le drame ».
Dans cette note, Alain Guillaume BUNYONI, invite les 2 ministres à réserver une attention particulière au message qu’il a envoyé au Président NKURUNZIZA et que ce dernier venait d’approuver surtout en ce point 1 où Alain Guillaume BUNYONI propose, « Je proposerai que le budget AMISOM qui connaît actuellement un solde créditeur de 2 millions 700 mille dollars américains avance 2 millions de dollars américains et que le ministre des finances trouve et complète avec 1 million 100 mille dollars américains sur les imprévus ».
Mais au finish de l’alerte, c’est seulement 2 millions de dollars américains qui sont transférés si pas détournés à la date butoir du 26 Août 2016 par ordre de transfert ou de virement conçu à cet effet portant le numéro 366288.
Les 2 millions de dollars américains correspondent exactement à l’avance du budget de l’AMISOM d’où quelques interrogations.
Pourquoi dans son alerte pour éviter le drame, Alain Guillaume BUNYONI, propose le payement de 3 millions 100 mille dollars américains et que le payement soit seulement celui de 2 millions de dollars ? N’est- ce pas que seule cette somme était dans le viseur des prédateurs du compte de l’AMISOM ? A cette question, une source bien informée de la Présidence de la République du Burundi mais qui a requis l’anonymat nous a répondu par l’affirmative.
Affaire à suivre……
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