Il s’agissait de la première mission pour l’Ambassadrice honoraire et envoyée spéciale de l’UNESCO pour l’enseignement de l’Holocauste et la prévention du génocide. Selon Beate Klarsfeld, dans une interview accordée à la radio des Nations Unies, ce qu’elle a vu sur place à Bujumbura « confirme tout ce qu’on lit dans la presse ». Cette spécialiste dans la traque des nazis dit avoir rencontré plusieurs responsables au sein du pouvoir : « le message des autorités était le même : nous sommes innocents, il y a une révolte ici chez nous, c’est eux qui tuent » rapporte Mme Klarsfeld.
Mais l’Ambassadrice honoraire ne semble pas avoir été convaincue. Elle explique avoir rencontré de nombreuses autres personnes membres des associations qui ne sont pas d’accord avec ce que fait le Président Nkurunziza, vu de nombreuses photos relatant des faits qui se déroulent à Bujumbura. Beate Klarsfeld indique aussi : « même dans la capitale quand vous vous promenez vous voyez la pauvreté. J’ai participé à une fête pour les enfants en difficulté et j’ai vu une pauvreté insupportable. Au Burundi, 60% sont des jeunes de moins de 14 ans ».
La spécialiste dans la traque des nazis ne mâche pas ses mots et accuse directement le Président Pierre Nkurunziza de semer la division et de tuer : « un Président qui tue et qui essaie de mettre les tutsis contre les hutus pour créer un problème en disant ‘’c’est eux qui s’entretuent’’. Mais c’est lui qui dicte les tueries !! ».
Beat Klarsfeld s’inquiète aussi du mutisme des autorités face à toute demande de dialogue. Elle met en doute également l’efficacité de l’entourage du Président Nkurunziza à pouvoir le convaincre car étant eux-mêmes surveillés : « son entourage, ce sont des gens qui peut-être aussi ne sont pas d’accord qu’il organise les tueries. La campagne est surveillée pas sa police. On voit la milice dans la ville : il y a les uniformes bleus avec eux des jeunes. On ne sait même pas qui tue dans la rue. C’est la milice ou des individus qui agissent au nom du gouvernement ! » poursuit l’envoyée spéciale de l’UNESCO pour l’enseignement de l’Holocauste et la prévention du génocide.
Mme Klarsfeld regrette que ce soient les populations les plus pauvres qui soient les plus victimes. Elle dénonce aussi l’inaction des dirigeants africains face au drame qui se joue au Burundi et propose l’intervention d’une « police internationale » de l’ONU : « vous voyez les pays africains disent ‘’oh là c’est pas la peine d’y aller, le président a dit que s’ils arrivent on va les chasser’’. Il faut quand même une force qui ne demande pas au Président pour dialoguer. Il ne va pas dialoguer ! Il a son point de vue et aussi longtemps qu’il pourra tenir le pouvoir, il le tiendra ! » conclut-elle.
bSelon l’ONU, plus de 450 personnes ont déjà été tuée depuis le début de la crise déclenchée avec l’annonce du Président Nkurunziza de vouloir briguer un troisième mandat. Mais le nombre de victimes serait largement supérieur car de nombreuses disparitions forcées sont régulièrement dénoncées. Aussi, plus de 250.000 se sont réfugiées dans les pays de la sous-région.