Selon des sources concordantes au sein de la prison de Muramvya, vingt prisonniers ont reçu sans le savoir du poison dissimulé dans leur nourriture. Nos sources indiquent que le directeur de la prison aurait été chargé d’élaborer les listes des gens à cibler. Ainsi, « les premières victimes ont été appelées les dernières à être servies lors du rationnement de ce lundi soir » poursuivent nos sources.
Des agents du service national des renseignements ainsi que certains cadres du parti au pouvoir CNDD-FDD « se sont chargés d’apporter le poison à Muramvya » nous rapporte-t-on. Parmi cette équipe, nos sources disent avoir identifiés le député Jean Baptiste Nzigamasabo surnommé ‘’Gihahe’’ de Kirundo, le vice-président du parti CNDD-FDD Victor Burikukiye ainsi que Mathias Joseph Niyonzima surnommé ‘’Kazungu’’ du service des renseignements et cité dans de nombreux cas d’exactions dont des exécutions extrajudiciaires. « Ils ont quitté Bujumbura vers 14 heures pour apporter le poison qui allait servir pour le repas du soir » nous révèlent nos sources.
Ce plan macabre que nous révèlent nos sources vise les détenus qualifiés d’opposants au troisième mandat du Président Pierre Nkurunziza. L’empoisonnement a été prévu pour être utilisé dans la nourriture mais aussi « par injection d’acide dans le corps » poursuivent nos sources. Cette dernière pratique aurait commencé à être utilisée en fin de semaine dernière dans les cachots du SNR, avec la complicité de médecins militaires : « les détenus au SNR ont commencé à être injecté d’acide samedi dernier. Il y a un groupe de personnes chargé de cette sale besogne qui ont été triées dont des médecins militaires de l’hôpital militaire ». Selon les informations reçues, « des comprimés ont également été prévus pour éliminer les opposants ».
La planification a eu lieu au mois de décembre 2015
Ce stratagème est né du constat de l’inefficacité des exécutions à bout portant avec arme à feu des personnes arrêtées et considérées comme opposants au troisième mandat. Selon nos sources, « ces éliminations systématiques relient facilement les victimes jetées ici et là au pouvoir ».
Nos sources nous révèlent que ce plan d’empoisonnement a été conçu au cours d’une réunion tenue au quartier Carama en date du 12 décembre 2015 au domicile du policier Ayubu, également cité dans de nombreuses exactions. « La réunion a débuté vers 19 heures pour prendre fin à 23 heures » poursuivent nos sources. Selon toujours nos sources, « parmi les personnes présentes ce jour-là, il y avait des membres des services de sécurité dont Domitien Ndayizeye, un policier affecté au SNR, deux policiers de la garde présidentielle nommé Fabien et Matwi, le Général ‘’Ndakugarika’’, le Commissaire Uwamahoro Désiré, Ayubu, Jérôme Magorwa, le policier Moise Ahishakiye et David Nikiza du service des renseignements ». Nos sources rapportent aussi la présence de l’Administrateur Général du SNR, son chef de renseignement en Mairie de Bujumbura, Kazungu ainsi que les chefs du SNR dans les provinces de Ngozi, Gitega, Rumonge et Ruyigi « qui sont les seuls à avoir été conviés ».
Nos sources évoquent aussi « la présence au cours de cette réunion de civils » membres du parti CNDD-FDD en l’occurrence Victor Burikukiye numéro 2 du parti, Gélase Ndabirabe porte-parole du parti et le député Nzigamasabo ainsi que les directeurs des prisons de Gitega et Mpimba.
Selon nos enquêtes, au lendemain de cette réunion « 14 litres de deux sortes de poison sont entrés au Burundi ». Ce liquide mortel aurait été acheté en RDC, dans la province du Sud-Kivu plus précisément à Fizi pour être acheminé à la permanence nationale du parti CNDD-FDD. Des sources nous indiquent que le poison qui n’a pas encore été utilisé « est enfermé dans le bureau du président du parti ». Les informations recueillies font état de deux sortes de poisons prévues dans ce plan macabre : « il existe un poison à mort rapide au bout de vingt jours et un poison plus lent qui prend plus de temps pour faire effet » nous indiquent nos sources qui ajoutent que les premières victimes de la prison de Muramvya auraient reçu cette sorte de poison « à effet rapide ».
La prison de Muramvya n’est pas la seule en ligne de mire
Après la prison de Muramvya, « le plan prévu est d’en faire autant à la prison de Gitega où en plus des manifestants contre le troisième mandat, les présumés putschistes seraient ciblés. La dernière étape sera la prison centrale de Mpimba où la liste des victimes est plus longue » ajoutent nos sources.
Selon les informations recueillies, cinq litres de poison ont ainsi été confiés aux directeurs de prison de Gitega et de Muramvya : « à Gitega, ce sont les 28 présumés putschistes de mai 2015 qui sont sur la liste » révèlent nos sources qui précisent que « ce liquide est entre les mains du directeur de prison depuis mercredi matin mais il n’a pas encore trouvé la manière de l’utiliser ».
La liste des victimes ciblées la plus longue se trouverait à Mpimba où « près de 200 jeunes détenus sont visés ». D’après nos sources, ce sont quatre litres de poison qui ont été confiés au directeur de prison ce jeudi matin. « Une réunion a eu lieu ce même jeudi 14 janvier présidée par le même directeur où deux jours lui ont été accordés pour mettre en exécution le plan d’empoisonnement » poursuivent nos informateurs qui révèlent que la plupart des planificateurs étaient présents à Mpimba pour cette réunion. Cette rencontre aurait été « tendue » du fait de fortes suspicions entre les participants « pour savoir qui aurait informé les journalistes sur l’existence et la mise en œuvre de ce plan macabre » comme nous le rapportent nos sources.
Cette planification visant l’empoisonnement de toute voix discordante viserait aussi les personnes exilées suite à la crise « dont des activistes de la société civile et des journalistes » comme Bob Rugurika directeur de la RPA, Armel Niyongere président de l’ACAT-Burundi, Pacifique Nininahazwe président du FOCODE, Anschaire Nikoyagize président de la Ligue Iteka, Jean Claude Kavumbagu directeur de l’agence Net Press, Vital Nshimirimana président du FORSC et Léonce Ngendakumana président du parti Frodebu. Faustin Ndikumana président de PARCEM et Gabriel Rufyiri président de l’OLUCOME qui avaient été prévus par les initiateurs ne seraient plus concernés par ce plan, nous indiquent nos sources.