C’est au chef-lieu des communes que les rassemblements ont eu lieu. A Bujumbura dans la capitale, les manifestants se sont retrouvés à la Place l’Indépendance, direction la plage de Bujumbura. Les taxis vélos, les motards, les jeunes Imbonerakure du parti au pouvoir et quelques ténors du parti au pouvoir manifestaient avec en tête de la marche Gaston Sindimwo Premier vice-président de la République de l’Uprona pro-gouvernemental. Sur les pancartes des sympathisants du CNDD-FDD, on pouvait lire « le déploiement de la MAPROBU n’est pas la bienvenue », «  nous déplorons l’envoie de forces militaires et policières étrangères au Burundi » ou encore  « l’envoi de la MAPROBU est une néo-colonisation ».

Un des manifestants a affirmé que « le Burundi est stable » et que ces troupes ne sont pas les bienvenues. « Etant donné que le peuple est souverain, nous ne pouvons pas accepter que la force de l’Union africaine vienne ici, alors qu’au Burundi, la paix règne » poursuit ce même manifestant. « Le pays est calme ; il n'y aura pas de génocide au Burundi ; les forces de défense burundaises qui participent aux opérations de maintien de la paix sont aussi capables de protéger leur propre population » dit un autre manifestant.

Ce sont en fait les mêmes arguments retrouvés chez ces manifestants de ce samedi, chez leurs élus réunis en début de semaine en congrès ou encore le Conseil national de sécurité mardi. Le Premier vice-président de la République Gaston Sindimwo a défendu mordicus le gouvernement Nkurunziza dont il fait partie depuis juillet 2015 : « le gouvernement burundais n'acceptera jamais de forces étrangères sur son sol ». Il a ajouté que les opérations de désarmement allaient se poursuivre « de gré ou de force ». Et de conclure que ceux qui n’acceptent pas le 3^ème mandat ont deux choix : « se suicider ou fuir le Burundi » a lâché ce supporter du Président Nkurunziza.

De telles manifestations ont été organisées dans tout le pays avec parfois une participation forcée comme dans la province Cibitoke où le message appelant la population à soutenir les manifestations avait été lu dans les paroisses au cours des célébrations eucharistiques ou encore rémunérées pour montrer que la population burundaise ne veut pas de cette Mission de l’UA pour la prévention et la protection de la population au Burundi. Ces manifestations ont été organisées par le gouvernement burundais après qu’il ait répondu à la présidente de la Commission de l’Union Africaine que « cette force n’a pas lieu d’être au Burundi mais qu’elle doit être envoyée au Rwanda, un pays qui déstabilise le Burundi » selon la correspondance de Alain Aimé Nyamitwe envoyée à Nkosazana Dlamini ZUMA.

La décision de du Conseil de paix et sécurité de l’UA d’envoyer 5.000 hommes a été prise quelques jours après de violents massacres attribués aux forces de sécurité de l’Etat. Ces massacres qui auraient fait plus de 200 victimes ont eu lieu juste après les attaques de 4 camps militaires par des groupes armés non identifiés.