Des militaires issus des ex-FAB avant la refonte de l’armée qui a donné naissance à la FDN sont également impliqués dans les exactions commises par des membres des forces de sécurité de l’Etat. Ces militaires seraient des proches du Président Nkurunziza. D’après les enquêtes menées, parmi ces hauts gradés figure le Général–Major Joseph Ndayishimiye surnommé « Paysan » qui vient de passer plusieurs années au sein de l’armée.
D’après nos informations, il aurait détourné des armes destinées aux militaires de l’AMISOM, la mission de maintien de la paix en Somalie, pour les donner aux membres des services de sécurité actifs dans la répression des civils ainsi qu’aux jeunes Imbonerakure du parti au pouvoir également acquis à cette cause. Au moment de ce détournement de ces armes, le Général-Major Ndayishimiye était Chef d’Etat-Major Interarmées. Selon nos sources, « les armes en question devaient en principe être acheminées à la Brigade logistique, ancienne Base des Forces armées, mais ont plutôt atterri au sein de la Base Spéciale de Protection des Institutions (BSPI) d’où sont issus la garde militaire du Président de la République, la BSPI qui est basée à Kamenge à l’ancienne DCA ». Ce serait juste après cette « mission » que le Général de Brigade Joseph Ndayishimiye a été remercié en obtenant le grade de Général-Major ensuite par sa nomination au poste de Chef d’Etat-Major Général adjoint de l’armée, poursuivent nos sources.
Quel rôle aurait joué le Général-Major Ndayishimiye lors des événements du 11 décembre ?
Les informations recueillies auprès de plusieurs sources militaires indiquent qu’au moment des attaques des 4 camps militaires de Bujumbura et Mujejuru, le Chef d’Etat-major le Général-Major Prime Niyongabo était en voyage de travail à l’étranger. Après ces attaques menées par des groupes non identifiés, des massacres ont été menés dans les quartiers dits contestataires du troisième mandat du Président Nkurunziza et où les jeunes hommes étaient les principales cibles. Parmi les victimes se trouvent aussi de nombreux militaires soupçonnés de ne pas soutenir ce mandat qui est à l’origine de la crise en cours au Burundi.
Nos sources indiquent qu’en ces dates du 11 et 12 décembre 2015, le Général-Major Ndayishimiye commandait l’armée en l’absence de son supérieur en mission de travail. Plusieurs militaires contactés, dont certains sont des rescapés de ces événements, affirment qu’ « il est inconcevable qu’aucun militaire membres des 29ème et 30ème bataillons AMISOM qui se trouvait à Bujumbura n’est pu défendre les camps attaqués le 11 décembre car n’ayant aucune arme sur eux. Nous sommes à près de 1.500 ! ». Ces militaires pensent qu’un plan d’élimination systématique des jeunes dans les quartiers contestataires avait été préparé, et qu’aucune arme ne leur a été donnée par leurs supérieurs « qui ne voulaient aucun obstacle à cette mission ». Ils précisent qu’ils n’ont reçu ces armes que samedi avec l’ordre d’aller à la Brigade Logistique (ex-Base) pour remplacer les militaires tués ainsi que ceux emprisonnés ou encore ceux qui ont été mutés rapidement pour l’intérieur du pays ; alors qu’un autre groupe était envoyé à l’Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM) pour remplacer les militaires envoyés à l’intérieur du pays ou ceux emprisonnés ou tués.
Le Conseil des droits de l’homme réuni à Genève a décidé d’envoyer des experts pour enquêter sur ces exactions imputées aux forces de sécurité. Le Procureur général Valentin Bagorikunda a mis en place une commission d’enquête sur les allégations d’exécutions extrajudiciaires, mais beaucoup estiment que c’est une diversion et que cette enquête n’aboutira pas.