Dans la foulée de l’attaque, des responsables de la radio ont appelé à l’aide le Général Pontien GACIYUBWENGE, Ministre de la Défense de l’époque, mais en vain. La RPA fut attaquée deux fois. La première très tôt à l’aube, la deuxième vers onze heures où elle a été incendiée à l’aide d’essence.
Avant l’attaque de la RPA, sa sœur de Renaissance avait été pilonnée par une roquette qui l’a incendiée. Ce fut après le tour des radios Bonesha et Isanganiro à être brulées. Le plus curieux dans cette affaire, c’est la promesse rapide du Procureur Général de la République Valentin BAGORIKUNDA d’ouvrir des enquêtes, toujours sans résultat trois mois après la promesse.
Ordonnant l’ouverture des bureaux de la maison de la presse, fermés le 27 avril 2015, même jour de la fermeture de la maison mère de la RPA et de sa branche de Ngozi, le Procureur BAGORIKUNDA a toutefois gardé son studio sous cadenas ; c’était avant la destruction des principaux médias indépendants du pays. Peu après, le même magistrat a sorti plusieurs correspondances à caractère contradictoire. La première décidait l’ouverture dudit studio tout en précisant que certains journalistes n’y ont pas accès c’est-à-dire ceux de la RPA, de Renaissance et de Bonesha. La deuxième, de la même journée, refusait l’accès à ce studio aux journalistes de la radio Isanganiro qui n’étaient pas mentionnés dans la précédente.
Trois mois après l’incendie des principales radios indépendantes, la RTNB (Radio Télévision Nationale du Burundi) a presque retrouvé le monopole de l’information. Mais elle semble incapable de combler le fossé laissé par l’absence non-volontaire des médias indépendants au vu des rumeurs et de la peur que cette absence a suscité auprès des Burundais habitués à des médias neutres.
Entretemps, il y a eu des tractations pour créer une nouvelle radio en synergie dont la mission aurait été de couvrir les élections. Mais cette idée a échoué parce que les responsables des radios exigeaient l’ouverture de leurs médias respectifs à titre individuel.
De cette volonté de faire un blackout sur l’information au Burundi apparaissent des manœuvres pour diviser les médias en voulant ouvrir certains et en refusant à d’autres d’émettre.
A la RPA, l’attention était attirée par des informations dignes de foi que la radio allait être brulée par poudre. Cette volonté de nuire partait d’un constat que ce medium gênait de nombreux décideurs du pouvoir en place. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait été la seule à être interdite deux semaines avant son incendie, et deux jours seulement après le début des contestations d’un 3ème mandat du Président Nkurunziza.
La raison avancée est qu’elle diffusait en temps réel des reportages sur les manifestations. Cependant, cette explication ne tient pas debout vu que d’autres radios faisaient de même. La raison est à trouver ailleurs. Ses reportages et enquêtes sur des faits graves impliquant justement certains membres du pouvoir dérangeaient énormément avant sa fermeture et son incendie, surtout ceux concernant des dossiers sensibles en l’occurrence de gouvernance économique comme l’achat du jet présidentiel (parmi les plus récents), les entrainements des milices à Kiliba Ondes en RDC et l’assassinat des trois sœurs italiennes Olga, Lucia et Bernadette pour ne citer que ceux-là.