‘’J’ai du mal à retenir mes larmes quand je me rappelle la façon dont il est parti.’’, raconte la fille-mère de 22 ans qui indique que son partenaire rwandais l’a quittée sans lui dire au revoir lorsque elle était enceinte. ‘’Il a nié au début mais suite aux conseils et aux critiques de ses amis, il a fini par admettre que je portais son bébé. Malheureusement il a vendu son bistrot et il a disparu par la suite.’’, se lamente la réfugiée burundaise de Mahama.
S.N rapporte qu’avant de tomber enceinte, son partenaire lui donnait tout ce dont elle avait besoin.
Son partenaire était également son patron
‘’Je travaillais pour lui dans son bistrot et nous sommes ensuite tombés amoureux l’un de l’autre. Il me payait 19 mille francs rwandais à la fin du mois. Il m’accordait également du repos quand je me sentais malade. Je ne manquais de rien à vrai dire avant de découvrir que j’étais enceinte.’’, signale S.N. Même si elle affirme qu’elle vit actuellement dans de mauvaises conditions, S.N s’inquiète beaucoup plus de son bébé de 9 mois. ‘’Ce que je fais, je prends la nourriture qui lui est accordée par le HCR dans le camp, je la vends puis je lui achète du lait, des habits, et du lait de toilette. Si je n’obtiens pas l’argent pour lui acheter de la farine pour la bouillie, on reste comme ça. Vous comprenez je n’ai pas d’emploi, je n’ai pas de mari.’’, raconte parfois en sniffant la réfugiée burundaise.
C’est comme si elles sont violées
C’est par ces mots qu’un autre réfugié de Mahama qualifie ce genre de relation. S.I indique que les enfants issus des pères rwandais et des mères burundaises sont nombreux dans le camp des réfugiés de Mahama. Selon ce réfugié burundais, certaines filles réfugiées cèdent au harcèlement à cause du manque de moyens financiers. ‘’La plupart c’est comme si elles ont été violées. Parce que vous savez que nous vivons dans des conditions difficiles ici dans le camp. Il y en a qui sont avec eux parce qu’ils s’aiment, comme l’amour n’a pas de frontière. Mais il y a d’autres qui sont contraintes d’être engrossées par ces rwandais parce qu’elles sont pauvres. Je peux dire que ces rwandais qui ont des moyens financiers profitent d’elles. C’est fréquent ici dans le camp.’’, lâche le réfugié burundais.
Les autorités du camp confirment
La chargée des affaires sociales dans le camp de Mahama confirme l’existence des naissances issues des pères rwandais. ‘’Les enfants reconnus par leurs pères rwandais et ceux qui ne sont pas reconnus par leurs pères sont traités de la même façon que les autres réfugiés. Le LAF (Legal Aid Forum) les enregistre tous au même titre que d’autres réfugiés burundais’’, explique la chargé des affaires sociales Jacqueline Murorunkwere tout en ajoutant que les problèmes de manque de moyens financiers rencontrés par leurs mères ce sont les mêmes auxquelles font face les femmes qui n’ont pas de mari.
Jacqueline Murorunkwere de poursuivre qu’il y a des organisations qui assistent particulièrement ces femmes mais que cela arrive très rarement.