Un collectif d’avocats saisi la CPI et le Conseil des droits de l’homme pour 60 cas d’exécutions extrajudiciaires
Un collectif de trois avocats annonce avoir saisi la Cour Pénale Internationale ainsi que le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU au nom de 60 familles de victimes d’exécutions extrajudiciaires. La motivation des familles est de lutter contre l’impunité et de traduire en justice les auteurs et commanditaires de ces crimes. Le Procureur général tente de réagir en annonçant qu’une telle saisine est irrégulière et demande plutôt aux familles de porter leurs plaintes au parquet.
Ce collectif d’avocats est composé de Me Armel Niyongere, avocat au Barreau Burundais et président de l’ACAT-Burundi, Me Bernard Maingain, avocat au Barreau de Bruxelles et Me Léon Lef Forster, avocat au Barreau de Paris.
Selon ces défenseurs, « pendant des mois, des membres de l’appareil d’Etat burundais ont assassiné des citoyens burundais en totale impunité ». Ils annoncent avoir été approchés par 60 familles de victimes d’exécutions extrajudiciaires leur demandant de les représenter « afin d’amener les auteurs de ces crimes imprescriptibles contre l’humanité devant les Cours et Tribunaux ».
Les trois avocats ont ainsi saisi la Cour Pénale Internationale et le Haut-Commissaire aux Droits de l’homme de l’ONU. Selon le communiqué du collectif, « ils ont demandé à pouvoir rencontrer les membres du Bureau du Procureur en charge des enquêtes à la Cour pénale et les membres du Comité des experts en vue d’examiner les voies et moyens de mener ces enquêtes sans mettre en danger les parties civiles qui vivent toujours au Burundi ». L’objectif des familles des victimes, écrivent les trois avocats, est de lutter contre l’impunité et amener un jour devant les Cours et Tribunaux les personnes qui ont participé à ces crimes, « quel que soit leur position actuelle dans l’appareil d’Etat burundais ».
Le Procureur général dénonce une tentative de « manipulation »
Le Procureur général de la République n’a pas tardé à réagir et appelle les familles de victimes d'exécutions extrajudiciaires présumées à plutôt déposer leurs plaintes auprès de ses services. « Le procureur général invite toutes les familles des victimes à venir déposer leurs plaintes et autres éléments de preuves afin que des enquêtes soient entamées » a indiqué dans un communiqué le Parquet Général.
Valentin Bagorikunda explique que si certains faits infractionnels commis au Burundi n’ont pas fait l’objet de poursuites, « c’est parce qu’ils n’ont pas été rapportés au ministère public ». Il dénonce aussi une tentative de « manipulation » des familles : « le risque de manipulation dont ils peuvent faire l'objet en confiant leurs plaintes à des gens qui ont d'autres agendas que la justice ». Le procureur Bagorikunda fait référence aux poursuites contre deux des trois avocats du collectif, en l’occurrence Me Armel Niyongere et Me Maingain poursuivis dans l’affaire de tentative de coup d’Etat de mai 2015.
Le collectif de ces trois avocats indique cependant qu’il ne se laissera pas intimider : « cette lutte contre l’impunité est une priorité et aucune pression, y compris les pressions sur les avocats, ne les fera reculer » conclut le communiqué.
Jusque-là, le parquet a toujours nié l’existence d’exécutions extrajudiciaires.
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