L’EurAc presse l’Union européenne d’agir face à la répression et à l’escalade militaire du Burundi

Alors que le Burundi s’enfonce dans une crise politique et sécuritaire à l’approche des élections, le réseau Europe-Afrique centrale (EurAc) tire la sonnette d’alarme. Dans un rapport récent, il interpelle l’Union européenne sur la répression accrue des voix dissidentes et l’implication militaire du régime burundais en République démocratique du Congo, appelant à des mesures fermes pour préserver la stabilité régionale et les droits fondamentaux.
Ce rapport intitulé « Entre bruits de bottes et effondrement économique », consacré à la situation pré-électorale 2025-2027 et élaboré entre novembre 2024 et mars 2025, dresse un état des lieux préoccupant. L’EurAc propose une série de recommandations à l’intention des décideurs de l’UE et de ses États membres. Face à la crise persistante dans l’Est de la RDC et à l’approche des échéances électorales, le réseau préconise un usage renforcé des leviers diplomatiques européens pour rétablir le dialogue et la coopération avec le Burundi.
Sur le plan sécuritaire, l’EurAc insiste pour que la communauté européenne exhorte Gitega à retirer ses troupes du Congo. Concernant les droits humains, il est demandé à l’UE de condamner sans ambiguïté les politiques de harcèlement, d’arrestations et de détentions arbitraires, ainsi que les violences et violations commises par les forces de sécurité, les Imbonerakure et les groupes armés. L’EurAc recommande également la présence de diplomates européens lors des procès de journalistes, défenseurs des droits humains et prisonniers politiques, afin d’affirmer le soutien aux libertés fondamentales. Il est aussi suggéré d’utiliser le dialogue politique pour défendre des cas emblématiques, tels que celui de Sandra Muhoza, ou d’autres figures de la société civile victimes de répression.
Sur le plan politique, l’EurAc encourage la reprise de cycles d’échanges réguliers avec les autorités burundaises, dans l’esprit des accords d’Arusha, afin de promouvoir un dialogue inclusif intégrant l’opposition et la société civile, tant à l’intérieur qu’en exil. Sur le plan économique, le rapport préconise d’inciter le FMI à rétablir sa coopération avec le Burundi sur les taux de change et à relancer son programme de réformes, un soutien jugé crucial pour redresser l’économie nationale et restaurer la confiance des bailleurs internationaux.
Le rapport met également en lumière l’avenir incertain du Burundi, soulignant l’opacité de son alliance militaire et diplomatique avec Kinshasa dans la lutte contre le Mouvement M23. L’engagement militaire burundais en RDC, qui s’est intensifié entre 2024 et 2025, suscite de fortes inquiétudes quant à la stabilité régionale, surtout après l’échec de la médiation angolaise en décembre 2024. À la suite d’une rencontre entre les présidents Tshisekedi et Ndayishimiye, ce dernier a annoncé le retrait du Burundi de la mission de l’Union africaine en Somalie, alimentant les spéculations sur un soutien militaire accru à Kinshasa.
Selon l’EurAc, plusieurs milliers de soldats burundais sont engagés aux côtés du gouvernement congolais, principalement au Sud-Kivu, contre le M23. En interne, le climat de guerre et de méfiance s’accentue, comme en témoigne le recrutement public de 500 futurs soldats à Cibitoke début février 2025, envoyés ensuite dans divers centres de formation militaire.
Le rapport souligne également la montée des tensions avec le Rwanda, qui fait craindre des actes d’intimidation et de répression envers les personnes ayant séjourné dans ce pays, ainsi que les membres de l’opposition et de la société civile, particulièrement les Burundais tutsis dans plusieurs provinces à risque.
En conclusion, l’EurAc estime que le Burundi s’enlise dans une crise profonde, confronté à des défis politiques, socio-économiques et de droits humains majeurs, alors que la région des Grands Lacs est de nouveau plongée dans la violence. L’implication opaque et croissante du Burundi dans le conflit à l’Est de la RDC accroît le risque d’une guerre ouverte sur son propre territoire, appelant une réaction urgente de la communauté internationale.