Trois mois sans salaire : certains fonctionnaires de Bujumbura bloqués par la microfinance Twikangure

Depuis trois mois, des fonctionnaires travaillant dans différents services publics et rémunérés via la microfinance Twikangure, située dans la zone Rohero à Bujumbura, n’ont pas perçu leurs salaires. Selon nos informations, ces employés affirment ne plus être en mesure de subvenir aux besoins de leurs familles et appellent les autorités compétentes à résoudre ce problème.
Ces employés étaient habitués à percevoir leurs salaires via cette institution, mais expliquent que, depuis trois mois, aucune explication claire ne leur a été donnée. « Nous avons tenté à plusieurs reprises d’effectuer des retraits, mais on nous répondait systématiquement qu’aucun fonds n’était disponible. Chacun repartait bredouille, revenait quelques jours plus tard, et ainsi de suite, jusqu’à ce que trois mois s’écoulent. C’est alors que nous avons réalisé qu’il y avait un sérieux problème et que notre argent avait probablement été détourné », confie l’un d’eux.
Même des clients privés de cette microfinance affirment ne pas pouvoir retirer leurs dépôts depuis la même période. Ce qui surprend particulièrement les fonctionnaires, c’est que, malgré cette situation, l’État continue d’y envoyer leurs salaires, mais qu’ils ne voient jamais cet argent.
Ils affirment avoir tenté d’obtenir les documents nécessaires pour que leur salaire soit versé dans une autre institution (banque ou microfinance) afin de pouvoir le retirer ailleurs, mais leurs demandes ont été rejetées.
Les conséquences sont lourdes : « Aujourd’hui, nous ignorons comment nourrir nos enfants. À l’approche de la rentrée scolaire, nous n’avons aucun moyen de leur acheter les fournitures nécessaires. Les propriétaires des maisons que nous louons, lassés d’attendre leur paiement, menacent désormais de nous expulser », explique l’un des fonctionnaires.
Selon nos informations, l’ancien responsable de Twikangure a été arrêté, accusé de détournement de fonds. En réaction, les clients lésés ont manifesté devant les bureaux de la microfinance la semaine dernière. Chacun a reçu 100 000 francs burundais, un montant jugé dérisoire par rapport aux sommes dues.
Ces fonctionnaires craignent que leur argent ait définitivement disparu et demandent à la Banque de la République du Burundi d’intervenir pour qu’ils soient intégralement remboursés.
La microfinance Twikangure a été agréée par la Banque de la République du Burundi en juin 2023.