Cacophonie dans l’exploitation de l’or de Mabayi.

Les victimes de cette exploitation se recrutent parmi la population des collines Muhungu, Gafumbegeti et Gahoma de la zone de Butahana en commune de Mabayi de la province de Cibitoke. Depuis plus de cinq ans, la société russe, Tanganyika Mining Burundi, exploite de l’or sur leurs terres. Mais, la plupart de ces propriétaires terriens n’ont pas encore été indemnisés et ploient sous une misère indescriptible.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Evariste Ndayishimiye, le secteur minier est dans le viseur du nouveau régime. Mais, pour quel intérêt ? Le lucre évidemment et au grand dam des populations expropriées !
Vite, plusieurs contrats signés entre le gouvernement sortant et les sociétés étrangères sont soit suspendus soit annulés pour non- respect des termes des contrats ou pour préserver les intérêts de l’Etat, clamaient haut et fort les nouveaux maîtres.
C’est dans ce cadre que le contrat qui liait l’Etat burundais et la société russe, Tanganyika Mining Burundi et dont les travaux d’exploitation des mines d’or de la zone Butahana avaient été lancé le 31 octobre 2017 par feu président Pierre Nkurunziza a été suspendu provisoirement par le ministre de l’hydraulique, de l’énergie et des mines en juillet 2021 pour non-respect du contrat.
Cette suspension initiée par les nouveaux maîtres est loin de se soucier des intérêts des populations expropriées et dont la plupart sans indemnisation. Aujourd’hui, la population des collines Muhungu, Gahoma et Gafumbegeti se trouve dans la désolation totale. Leurs biens ont été endommagés par les travaux d’extraction de l’or. « La grande partie de la population a perdu les terres, les champs et les maisons. Les familles obligées de quitter leurs ménages ont dernièrement fait un sit-in au bureau de la commune. Mais jusqu’aujourd’hui, nos problèmes n’ont pas été résolus», se lamentent ces habitants.
La majorité des familles victimes des activités de Tanganyika Mining Burundi n’ont toujours pas été indemnisées. « Il y en a ceux qui ont reçu des indemnités et d’autres qui attendent toujours. Nombreux de ceux qui attendent se trouvent sur les collines Gahoma et Gafumbegeti. Bref, très peu ont été indemnisés en zone Butahana », poursuivent- ils.
A défaut de trouver une solution aux intérêts des populations victimes des décisions des nouveaux seigneurs aux appétits gloutons, ces derniers ont multiplié des déclarations verbales de bonnes intentions mais vite contredites par leurs services. « Le ministre avait dit que les familles dont les terres n’ont pas été endommagées et qui n’ont pas été indemnisées pourront avoir le droit de les exploiter. Il l’a dit verbalement sans aucun écrit. Alors, l’Office Burundais des Mines, OBM, a refusé à toute personne le droit d’accéder à sa propriété foncière », se plaignent les victimes.
Le malheur ne vient jamais seul. Depuis la venue de Tanganyika Mining Burundi, nombreux orpailleurs artisanaux sont en chômage. Il leur a été interdit de continuer leurs activités qui pourtant faisaient vivre de nombreuses familles.
Le 19 mai 2021, les propriétaires des périmètres où sont implantés les sites d’extractions des mines en zone Butahana avaient bloqué les routes menant vers les bureaux de la société Tanganyika Mining Burundi. Ils accusaient la société de n’avoir pas tenu ses promesses d’indemnisation.
Trois jours après ce mouvement, le gouverneur de la province avait effectué une descente pour calmer la situation. Carême Bizoza, avait promis de faire avancer les réclamations des 120 familles qui n’ont pas reçu leurs indemnités.
Plus d’une année après, ces familles attendent toujours. Entretemps, la famine et la misère qui les rongent ne sont nullement pas la préoccupation des nouveaux princes de Gitega.