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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Burundi : quand la prison devient une sentence sans fin

Les détentions arbitraires se multiplient au Burundi, ciblant principalement les opposants politiques, les journalistes et même des personnes déjà acquittées ou ayant purgé leurs peines. Dans un rapport accablant publié en juillet, l’Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues, l’APRODH, dénonce une pratique devenue systématique.

Selon cette organisation, la détention arbitraire est désormais une réalité courante au Burundi. Elle affirme que ce phénomène touche toutes les étapes de la procédure, depuis la phase d’enquête jusqu’au jugement, y compris après les décisions judiciaires.

L’APRODH désigne plusieurs acteurs comme responsables : des policiers, des agents du Service national de renseignements (SNR), des militaires, des administratifs locaux, ainsi que des membres de la Ligue des jeunes Imbonerakure. Elle va plus loin en accusant directement le Président de la République, Evariste Ndayishimiye, de cautionner ces pratiques, notamment en s’opposant à la libération de détenus acquittés ou ayant purgé leurs peines.

Le rapport indique que le chef de l’État a qualifié certains détenus de dangereux et de personnes accusées de comploter contre l’État, lors d’un discours prononcé à la prison de Muramvya en novembre 2024. Pour l’APRODH, cette prise de position traduit une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

L’organisation affirme qu’au début de l’année 2025, 255 détenus étaient toujours en prison alors qu’ils avaient déjà purgé leur peine. Parmi eux, 101 à la prison centrale de Mpimba, 63 à celle de Gitega et 37 à la prison de Rumonge.

Parmi les cas cités, figurent ceux des ex-combattants du mouvement RED-Tabara, condamnés à perpétuité. L’APRODH soutient qu’ils ont été torturés en détention, sans que leurs familles soient informées de leur situation.

Le rapport évoque également le cas du colonel Léonidas Hatungimana, connu sous le nom de Muporo, arrêté en 2015. Il aurait été à plusieurs reprises exfiltré de sa cellule par des agents du SNR, sans aucune justification judiciaire. Sa famille n’a plus de nouvelles de lui depuis février 2025.

Autre cas cité, celui d’Innocent Ntirandekura, alias Karim Ramadhan, arrêté en 2022 en Tanzanie avant d’être extradé vers le Burundi. Il a été détenu arbitrairement pendant plus de deux ans dans les locaux du SNR, dans des conditions qualifiées d’inhumaines : isolement total, absence de soins médicaux et privation du droit de visite. Il aurait été de nouveau extrait de la prison de Gitega en mars 2025, sans information officielle sur sa situation.

L’APRODH revient aussi sur l’arrestation de la journaliste Sandra Muhoza, détenue depuis avril 2024 pour avoir échangé des messages dans un groupe WhatsApp de journalistes. Elle n’aurait fait que commenter des informations circulant sur les réseaux sociaux. L’organisation cite également le cas de Christophe Sahabo, ancien directeur de Kira Hospital, dont la détention, selon elle, relèverait d’un règlement de comptes. Pour l’APRODH, ces affaires illustrent une répression croissante de la liberté d’expression et un usage politique des détentions.

L’APRODH conclut que la justice burundaise est aujourd’hui utilisée comme un outil de répression contre toute forme de contestation. Pour elle, la détention arbitraire est devenue une stratégie politique visant à museler toute voix dissidente.

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