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Persécutions de réfugiés rapatriés au Burundi : le témoignage d'un habitant de Kirundo

Persécutions de réfugiés rapatriés au Burundi : le témoignage d'un habitant de Kirundo

Un citoyen de 50 ans, originaire de la commune de Vumbi dans la province Kirundo, relate son calvaire après son retour d'exil en mars 2021. Pour des raisons de sécurité, son identité n'a pas été révélée.

Le témoin a fui le Burundi le 25 mai 2015. Après un transit par le camp de Gashora, il s'est installé dans le camp de Mahama au Rwanda. Répondant à l'appel du président burundais assurant que la sécurité était garantie, il est rentré au pays le 24 mars 2021.

À son retour, l'homme découvre que sa maison située à Mukoni, dans la province Muyinga, a été saisie par Philippe Rwasa, un agent des services de renseignement. Craignant pour sa sécurité, il s'installe à Kirundo, où il vit dans la clandestinité, changeant fréquemment de domicile.

Bataille juridique et persistance des menaces

Malgré la restitution de sa maison suite à un procès gagné le 13 août 2021, les persécutions à son encontre ne cessent pas. Philippe Rwasa, l'ancien occupant de sa maison, continue de le menacer, le forçant à mener une vie nomade entre Ntega et Bugabira.

Le 9 novembre, le témoin est intercepté à Marembo par un membre des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir. « J’ai été intercepté chez mon ami à Marembo, c’est une colline se trouvant en zone de Gisenyi commune Busoni en province Kirundo. »

Accusé de collaboration avec l'armée rwandaise et le mouvement RED-Tabara, il est violemment agressé. « L’Imbonerakure a appelé trois autres hommes, ils m’ont conduit dans une plantation d’eucalyptus et ont commencé à me piétiner, couché ventre à terre. Ils m’ont infligé des coups au niveau de la poitrine et me retournaient pour me frapper au niveau du bas-ventre, ce qui m’a causé des problèmes, jusqu'à présent, j'urine du sang. Ils m’ont ensuite ligoté et ont présenté un flacon contenant du gasoil. Loin de ces eucalyptus, il y avait une fille qui assistait à la scène, ils l’ont appelée pour qu’elle leur apporte du sel. Ils ont versé ce gasoil et du sel sur mes bras qu’ils avaient ligotés. »  

Le cinquantenaire échappe à la mort, sauvé par des chèvres 

« Alors qu’il me torturait, des chèvres sont venues et ont commencé à détruire des champs de haricots. Ils m’ont laissé et sont courus pour attraper ces chèvres. Du coup, la fille est venue pour enlever la corde et m’a montré la direction à prendre. Je suis passé en haut du lac Cohoha juste à son extrémité, dans des plantations de riz. Je me suis retrouvé dans un site de déplacés de Kibonde. Là-bas, j’ai été caché par un vieil homme. C’est à minuit que j’ai pris la direction de Marembo, c’était à l’aube de dimanche du 10 novembre. Il m’a montré les fosses communes de l’endroit appelé Golgota et m’a conseillé de passer à côté pour atteindre le Rwanda. »

L'association Spirit of Peace and Solidarity (SPS), une association qui assiste les demandeurs d'asile à Kigali, confirme ce retour des Burundais vers l’exil.  Depuis mai 2024, SPS a accueilli 90 personnes, dont une majorité originaire du Burundi.

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Photo : Les bras de la victime

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