Démolition musclée des maisons à Rohero 2 : une famille lance un cri d’alarme et réclame justice

Une famille lance un cri d’alarme et demande que justice soit faite afin qu’elle soit rétablie dans ses droits, après la démolition de toutes les maisons situées dans la parcelle de Simon Simbeshere en mairie de Bujumbura. Cette démolition a été supervisée par des agents de l’État, dont des policiers.
La parcelle concernée se trouve au quartier Rohero 2, avenue Nkondo numéro 14. Selon des sources sur place, les occupants des quatre maisons érigées sur cette parcelle ont été réveillés au petit matin de ce lundi 2 juin par des bruits et des chahuts, notamment des coups frappés avec insistance sur le portail. Ils sont alors sortis pour s’enquérir de la situation et ont constaté la présence de plusieurs personnes armées de métaux, notamment des marteaux et des pioches, accompagnées d’un grand nombre de policiers.
Un témoin raconte : « Ils ont foncé droit dans les maisons et ont commencé à jeter dehors tout ce qui était à l’intérieur de ces habitations, et la démolition a aussitôt débuté ».
Alertés par ces événements, les voisins sont accourus pour comprendre ce qui se passait. Scandalisés, ils dénoncent le fait que la justice ait procédé à l’expulsion de familles entières sans leur donner un préavis réglementaire.
Un voisin a confié à la RPA : « Ils ont tout démoli. Ils ont jeté tous les objets dehors et ont mis à la porte tous les locataires. Apparemment, on leur avait donné 48h pour vider les lieux. C’est du jamais vu ».
D’ordinaire, même en cas de jugement rendu, un préavis d’au moins un mois est accordé aux occupants afin qu’ils puissent trouver un autre logement. Pour l’heure, les locataires se retrouvent dépassés et désemparés, ne sachant plus où aller. Les femmes et les enfants ont passé la journée assis dehors.
Malgré les protestations, les ouvriers et la police ont poursuivi la démolition. Pour accélérer le travail, une pelleteuse a été appelée sur place, mais elle est repartie sans avoir accompli sa tâche, selon une autre source présente. Néanmoins, les fenêtres, portes et tôles ont été arrachées, tandis que les murs et le sol ont été démolis à l’aide de marteaux et de pioches. Ces travaux se sont poursuivis dans l’après-midi sous la supervision d’un officier de la police judiciaire surnommé Bisusu, arrivé à moto immatriculée GA 4773.
La présidente du TGI de Mukaza au cœur d’un scandale de spoliation foncière
Une lumière de plus en plus crue est jetée sur l’implication présumée de Larissa Kaneza, présidente du Tribunal de Grande Instance de Mukaza, dans ce que la famille Simbeshere qualifie de tentative de spoliation pure et simple. L’affaire, bien que juridiquement tranchée à plusieurs reprises, fait l’objet de manœuvres dont le rythme judiciaire intrigue. Les décisions sont exécutées dans un temps qui semble convenir à certaines parties, en décalage avec les droits établis et les procédures légales.
Tout commence en 2000 lorsque feu Simon Simbeshere entreprend de vendre les biens familiaux sans en référer à ses enfants. Ces derniers saisissent la justice, qui rend un jugement (RCF 208/2000) lui interdisant formellement toute vente sans leur accord. En 2023, un autre arrêt, le RCF 23/2019, désigne Jean Marie Ntwari, l’un des fils, comme co-gestionnaire légal de tous les biens de la famille. L’ordonnance d’exécution numéro 3/2022 vient confirmer cette décision.
En parallèle, la santé de Simon Simbeshere se dégrade. Diagnostiqué parkinsonien à un âge avancé, il commet le crime de stellionat en vendant un bien qu’il n’a plus le droit de céder. Il est condamné à verser 255 millions de francs burundais à ses acheteurs, dont Iréné Ndabagiye et Célestin Ngendakumana. L’association CODIP, qui défend les intérêts d’un troisième acheteur, confirme que le chèque de compensation est remis au président de la Cour suprême. Ce geste entraîne la levée de la menace de vente aux enchères qui pesait sur la parcelle concernée.
La famille, une fois les différends réglés, décide alors de vendre légalement la parcelle. Mais c’est à ce moment que Me Jimmy Niyomukiza, ancien avocat de Simon Simbeshere, entre en scène. Profitant de la vulnérabilité mentale de son ancien client, il monte, selon plusieurs témoignages, un plan avec la présidente du TGI Mukaza. Ensemble, ils conduisent Simon Simbeshere dans un bar appelé CALVADOS, où il est intentionnellement enivré. Des documents de cession lui sont alors remis. Il les signe, dans un état de confusion, attestant avoir vendu sa parcelle à un certain Vital Ntibaboneka, qui est aujourd’hui responsable de la démolition brutale des maisons bâties sur cette propriété et qui a perdu tous les procès y relatifs.