Cette surpopulation qui rend la vie « invivable » dans les prisons du Burundi
L’effectif des détenus, qui dépasse de loin la capacité d’accueil dans les différentes maisons carcérales du pays, affecte énormément la santé des détenus. Des maladies comme la pneumonie et le paludisme sont fréquentes dans certaines prisons où les détenus dorment à la belle étoile ou dans les toilettes faute d’espaces libres dans les cellules.
Jusqu’au mois d’octobre 2022, les 13 prisons que compte le Burundi, hébergeaient 12 371 détenus alors que leur capacité d’accueil est de 4 294 détenus. Presque le triple de l’effectif requis. Les conséquences sont signalées partout. Dans les prisons centrales des provinces Ruyigi, Gitega et Bujumbura, de nombreux détenus dorment dans la cour. Certains détenus de la prison centrale de Muramvya, eux, sont obligés d’aller dormir dans les toilettes pleines d’odeurs nauséabondes comme les cellules sont trop étroites pour pouvoir abriter un effectif important.
Dans la plupart de ces maisons carcérales de Ruyigi, Ngozi, Muramvya, Gitega et Bujumbura, plusieurs autres détenus alternent pour dormir à cause du manque d’un espace suffisant. A défaut d’avoir des matelas, certains s’allongent sur le sol cimenté, alors que d’autres se débrouillent en dormant sur des sacs pleins d’herbes.
La santé des détenus est affectée
Le gonflement des pieds, la pneumonie, la malaria ainsi que la tuberculose sont les maladies qui menacent fortement la santé des détenus de ces prisons, surtout ceux qui dorment dans la cour.
Car, en cette période pluvieuse, ces détenus n’ont pas d’abri. La pluie leur tombe dessus toute la nuit à l’extérieur. Ils sont également frappés par le vent et piqués par les moustiques.
Cependant, même si les différentes organisations qui défendent les droits humains ne cessent d’alerter, en interpellant le gouvernement du Burundi ainsi que les responsables du secteur judiciaire de tout faire pour réduire l’effectif des détenus, il est déplorable, selon ces organisations, de constater qu’au lieu de baisser, leurs nombres continuent d’augmenter. Pour illustration, la prison centrale de Mpimba héberge 609,5% de la capacité requise selon notre source.
Ces défenseurs des droits de l’homme au Burundi font savoir que les causes majeures de cette surpopulation carcérale sont, entre autres, la lenteur dans le traitement des dossiers des détenus, la plupart des détenus pouvant passer plusieurs années sans avoir eu droit à aucun procès, la non libération soit des prisonniers qui ont purgé leurs peines, soit de ceux qui ont été graciés, ou encore de ceux qui mériteraient la liberté provisoire ou conditionnelle. Ces établissements pénitentiaires débordent aussi à cause des arrestations illégales des personnes pour leur appartenance politique. De telles arrestations sont toujours dénoncées par les défenseurs des droits humains qui disent que cette situation de surpopulation dans les prisons pourrait être redressée à tout moment si les autorités burundaises y mettaient de la volonté.