La police tanzanienne attaque des réfugiés dépités par la fraude électorale au camp Nyarugusu
Des crépitements de balles se sont fait entendre au camp de Nyarugusu l’avant-midi de ce vendredi 11 juin 2021. A l’origine, les réfugiés burundais se sont soulevés depuis le soir de ce jeudi 10 juin pour contester les résultats du vote du chef de ce camp qu’ils qualifient de truqués en faveur des congolais. Les réfugiés burundais dont le nombre n’est pas encore connu ont été arrêtés et d’autres tabassés par la police tanzanienne.
Le camp des réfugiés de Nyarugusu abrite les réfugiés burundais et les réfugiés congolais. Ce jeudi 10 juin, était prévu les élections du chef de ce camp. Selon les informations en provenance dudit camp, la proclamation des résultats devrait se faire le vendredi 11 juin mais ce calendrier n’a pourtant pas été respecté.
En effet, la proclamation a eu lieu vers 19 heures et une réfugiée congolaise en a été déclarée gagnante. Cette situation a par la suite suscité des soulèvements au sein de la communauté des réfugiés burundais qui revendiquent la victoire de ces élections. ‘’ En un peu de mots, l’origine de cette révolte est que le MJ a proclamé que la candidate congolaise avait remporté les élections au moment où les réfugiés burundais et congolais disaient avoir voté pour le candidat burundais du nom d’Albert et affirmaient qu’il avait eu plus de voix. Les burundais en ont conclu que les résultats ont été truqués pour que leur candidat ne remporte pas ces élections organisées par les tanzaniens ‘’ a expliqué à la RPA un des réfugiés burundais de Nyarugusu.
Les réfugiés burundais affirment que leur candidat du nom d’Albert aurait eu 6409 voix sur un total de 10958 voix des électeurs. Ils indiquent qu’ils ont donc été étonnés de constater que leur candidat avait obtenu 3847 de voix aux termes de l’élection et que la femme congolaise a remporté ces élections avec 3961 voix.
Selon une source de la RPA à Nyarugusu, les réfugiés burundais se sont mis à protester énergiquement. La police tanzanienne a commencé à les disperser par des jets de bombe lacrymogènes et en les passant à tabac. Un nombre inconnu de réfugiés ont été appréhendés et incarcérés.
Ces soulèvements ont continué dans la journée de ce vendredi. Certains réfugiés ont fui le camp et les policiers ont envahi leurs ménages. ‘’ Des enfants ont été séparés de leurs parents au cours de ces soulèvements. Nous ne savons pas encore l’effectif des morts car des balles réelles ont été tirées dans la foule. Il y a également des réfugiés qui ont quitté le camp. Pour le moment, le camp est presque vide et maintenant les policiers commencent à s’introduire de force dans les maisons et déchirent les documents que les réfugiés présentent au moment de la distribution de la nourriture. Cela signifie que nous serons forcés de rentrer au Burundi car on n’aura plus accès à la nourriture’’. S’indigne cet autre réfugié.
Les informations qui sont parvenus à la rédaction de la RPA la journée de ce vendredi font état d’un bilan d’un réfugié mort et de deux blessés par balle. Des balles qui se faisaient entendre jusqu’à midi de ce vendredi 11 juin.
Pourquoi ce recours à la force policière pour une simple élection ?
Cet ancien chef du camp de Nyarugusu est un burundais du nom d’Albert. Une source de la RPA dans ce camp indique que, que ce soit les burundais ou les congolais qui vivent dans ce camp, tous étaient pour la reconduction d’Albert à ce poste. Selon eux, Albert a toujours été un bon chef et s’est toujours soucié de leur bien-être. Un leadership qui a par ailleurs failli lui coûter la vie. ‘’ Nous tous, burundais et congolais, voudrions que l’ancien chef du camp du nom de Albert remporte ces élections. Ce dernier s’est donné corps et âme pour que les réfugiés burundais ne soient pas rapatriés de force en refusant les papiers lui présentés. Il a même été tabassé et torturé pour ça, mais il est resté campé sur sa position.’’ témoigne ce burundais réfugié dans ledit camp.
Ayant constatant qu’Albert refusait leurs injonctions pour le bien des réfugiés burundais et congolais, les autorités tanzaniennes ont vite organisé les élections. Ces dernières avaient pour but de remplacer Albert par une certaine Abilora, une femme congolaise qui leur est dévouée et qui serait favorable à leur plan. Ce qui s’est compliqué car les réfugiés burundais et congolais réunis ont voté pour Albert. ‘’ C’était vraiment visible que cette femme congolaise avait perdu d’avance. Les congolais avaient voté pour ce prénommé Albert tout comme nous. On était conscients que ces élections n’avaient que pour but de remplacer Albert par un autre qui pourra signer et faciliter le rapatriement des burundais.’’
Vouloir placer de force à ce poste cette femme congolaise a alors suscité des soulèvements au sein des réfugiés burundais et congolais qui se sont fermement opposés à ce que cette Abilora leur soit imposée alors qu’ils ont voté pour le nommé Albert.