Vêtus en tenues vertes des prisonniers au Burundi, ces 28 présumés putschistes sont arrivés à bord d'un camion militaire à la cour d’appel de GITEGA vers 10 heures 30 de ce lundi 14 décembre. Les policiers et militaires armés jusqu'aux dents assuraient la sécurité tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la salle d'audience de la cour d'appel de GITEGA. L'audience étant sonorisée, une foule nombreuse suivait les débats depuis l'extérieur du bâtiment.
Le ministère public a chargé tous les présumés putschistes des mêmes infractions : "tentative de coup d'Etat, tueries des policiers et militaires et des civils, destruction des infrastructures et biens des particuliers pendant les dates du 13 et 14 mai 2015, jours du putsch manqué".
Les avocats de la défense et les accusés pour leur part ont tous dit que parmi les infractions pour lesquelles ils sont poursuivis, certaines étaient tout à fait nouvelles et n'avaient jamais été signifiées aux intéressées. Cela parce que "lors de la chambre de conseil du tribunal tenue au mois d'octobre dernier, elles n'avaient pas été évoquées". Ainsi, la défense a réclamé la remise de l'audience à une date ultérieure pour des raisons qu'elle considère comme majeures à savoir "le non accès aux dossiers judiciaires, l'absence des avocats pour certains accusés, les conditions carcérales inhumaines et dégradantes auxquelles les détenus font face ou encore l'isolement". Les avocats de la défense ont donc conditionné la reprise de l'audience par une amélioration des conditions carcérales, la consultation de leurs dossiers judiciaires et la présence de tous les avocats de la défense.
Le siège a toutefois rejeté le gros des réclamations de la défense des accusés en expliquant que "les avocats absents n'ont pas présentés des lettres d'excuse". Un des avocats des présumés putschistes absents, Me Bernard MAINGAIN a par ailleurs été accusé par le ministère public d'être parmi les gens poursuivis pour ce putsch manqué.
La Cour a donc fixé le début de l'audience publique proprement dite à ce mardi 15 décembre 2015. Sept présumés putschistes de grade de Général pour la plupart dont Cyrille NDAYIRUKIYE et Zénon NDABANEZE et d'autres seront les premiers à être entendus. L'ancien Ministre de la Défense nationale est présenté par le ministère public comme le numéro 2 du putsch.
Le siège a en outre accepté de changer légèrement leurs conditions carcérales "en les maintenant dans leurs cellules d'isolement mais en leur accordant des séances de sortie de leurs cellules, et en enlevant de ces mêmes cellules les seaux dans lesquels les détenus sont obligés de se soulager". Les juges ont aussi affirmé le droit des détenus de recevoir des visites de leurs familles. Ils ont également promis que les policiers et militaires n'entreront plus dans la salle d'audience mais resteront dehors.
Au cours de cette audience de ce lundi, la Radio REMA FM jugée proche du pouvoir et la parti CNDD-FDD via leurs avocats s'étaient présentés comme partie civile pour réclamer dommages et intérêts relatifs à ce putsch manqué.