La communauté internationale appelée à garder l’œil sur le nouveau gouvernement du Burundi
La communauté internationale devrait rester vigilente et ne devrait pas tourner la page à cause de l’élection d’un nouveau président au Burundi. Dans sa déclaration au 21ème meeting de la 44ème session du Conseil de l’ONU aux droits de l’homme, la commission d’enquête sur le Burundi a dénoncé la persistance des actes de violations des droits humains dans le pays, même après l’investiture du président Evariste Ndayishimiye.
Le Burundi se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins après une période électorale caractérisée par de nombreux cas de violations des droits de l’homme. Tel est le constat de la commission d’enquête des Nations-unies sur le Burundi lors du 21ème meeting de la 44ème session régulière du conseil pour les droits de l’homme qui s’est tenu le matin de ce mardi à Genève en Suisse.
Bien que le gouvernement n'ait jamais accordé aux enquêteurs l’accès au pays, ils ont collecté des informations de diverses sources, à la fois dans le pays et à l'extérieur. Doudou Diène, le président de la commission d’enquête des Nations-unies sur le Burundi, a souligné le fait que les élections ont été émaillés de violations des droits de l’homme, notamment la détention arbitraire et même quelques exécutions des membres de l’opposition. « L’élection présidentielle et celles législative et communale se sont déroulées le 20 mai sans observation internationale. Le processus électoral a été jusqu'à présent caracterisé par une intolérance politique et entaché d’incidents violents et de multiples violations des droits de l’homme. »
Les enquêteurs de cette commission ont également noté que, dans son discours d'investiture, les politiques du nouveau président seront mises en œuvre par un gouvernement composé essentiellement de caciques du régime du défunt président Nkurunziza, dont certains sont sous le coup de sanctions internationales en raison de leur implication dans de graves violations des droits de l'homme.
« Les violations des droits de l’homme se sont poursuivies jusqu'à présent. Et il serait prématuré de se prononcer sur la possible évolution de la situation avec les nouvelles autorités. Nous attirons d’ores et déjà l’attention sur la responsabilité de tous les partenaires techniques et financiers du Burundi. Ils doivent s’assurer que leur assistance ne contribue, d’une manière ou d’une autre, à la persistance des violations des droits de l’homme. »
De son côté, l’Ambassadeur du Burundi à Genève a rejeté catégoriquement le mandat de la commission d’enquête des Nations-unies sur le Burundi, réfutant sa neutralité. Rénovât Tabu a déclaré que le Burundi n’est pas prêt à coopérer avec ladite commission. « Cette commission n’est pas un mécanisme d’enquête onusien objectif, mais plutôt un mécanisme sui generis avec un agenda géopolitique au profit notamment de l’opposition politique burundaise. Le Burundi ne peut pas accepter des mécanismes de type gendarme. »
Les représentants des autres Etats présents à ce 21ème meeting de la 44ème session régulière ont également pris note du rapport présenté par le président de la commission d’enquête des Nations-unies sur le Burundi, tout en lui réaffirmant leur soutien.