L’annonce à retenir au terme de cette première session de dialogue inter-burundais d’Arusha, c’est l’intention du médiateur Benjamin William Mkapa de rencontrer les principaux acteurs qui n’ont pas pu participer à cette session. Une annonce qui semble satisfaire les participants, notamment des membres de la société civile et des diplomates qui ont suivi de près ces échanges.
L’ancien président Mkapa s’est réjoui du « degré de patriotisme et de civilité » affiché par les participants. Il a aussi déclaré avoir compris l’urgence exprimée de poursuivre rapidement les étapes suivantes avant d’annoncer qu’endéans deux semaines, il compte consulter ceux qui ne sont pas venus : « je veux écouter toutes les voix décisives soulignées par les personnes présentes » a ajouté Mkapa dans son discours de clôture ce mardi.
Selon les membres du collectif des femmes venus de Bujumbura, le médiateur doit faire sien le problème de la crise au Burundi tout en se faisant aider par les Burundais eux-mêmes : « nous aimerions qu’il vienne au Burundi pour qu’il constate ce qui se passe, car les Burundais ont parfois tendance à mentir selon les groupes d’intérêts » a déclaré Ménédore Nibaruta.
Pour Patrick Nkurunziza, leader des jeunes de l’ADC-Ikibiri et du parti Frodebu, les prochains rounds de discussions doivent inclure les groupes armés qui ont déclaré la guerre au pouvoir de Bujumbura. « Ce ne sont pas des pourparlers en soi, c’était juste des échanges avec différents groupes. Nous avons répondu à l’invitation mais nous aimerions qu’ils invitent le CNRAED ainsi que les groupes armés qui ont décidé de combattre le gouvernement de même que les putschistes de l’année dernière. Je pense que ce sera la seule voie pour rétablir la paix au Burundi » a déclaré Patrick Nkurunziza.
Malgré la satisfaction de toutes les parties quant à la volonté du médiateur de rencontrer d’autres acteurs clés absents de cette session d’Arusha, le parti au pouvoir CNDD-FDD reste intransigeant quant à la question du 3ème mandat du Président Nkurunziza considéré comme illégal par l’opposition et à l’origine de la crise actuelle. « Cette question du mandat doit être oubliée car de toute façon nous sommes bientôt à la fin de ce mandat. J’appellerai plutôt les Burundais à se préparer pour les élections de 2020 » a déclaré Victor Burikukiye, vice-président du parti CNDD-FDD qui participait à la rencontre d’Arusha.
Outre le CNARED qui devrait être consulté dans les deux prochaines semaines, les organisations de la société civile engagées dans la campagne « halte au 3ème mandat » devraient aussi être consultées par Mkapa ; avant une nouvelle session de dialogue durant la 3ème semaine du mois de juin.
La crise déclenchée par l’annonce du Président Nkurunziza de briguer un 3ème mandat a fait plusieurs centaines de morts et plus de 278.000 réfugiés selon le HCR. Des familles alertent quotidiennement de nombreuses disparitions forcées imputées aux agents des services de sécurité de l’Etat.