Avant cette date tragique du 14 mai, les médias indépendants à savoir RPA, Bonesha FM, Isanganiro et Radio-Tv Renaissance avaient commencé par être obstrués dans leur travail quotidien d’informer le public suite notamment aux reportages sur le début des manifestations contre le 3ème mandat du Président Nkurunziza. Dès le début de ces manifestations ces radios verront leurs émetteurs coupés sans avertissement, ne pouvant plus retransmettre à l’intérieur du pays. La restriction s’accélère avec la fermeture le 27 avril du studio de l’Association Burundaise des Radiodiffuseurs (ABR) ainsi que la Maison de la presse, suivie par celle de l’antenne de la RPA-Ngozi et enfin de la RPA à Bujumbura le même jour. Les médias privés restants continueront tant bien que mal à informer la population de Bujumbura uniquement.
Pourtant, certaines de ces attaques étaient connues à l’avance
Quelques jours avant l’attaque effective des médias, des informations sur ces attaques ont été révélées pour tenter d’informer le public du danger et d’en dissuader les auteurs.
Après l’annonce d’un coup d’Etat le 13 mai 2015, la radio Rema FM sera attaquée par des militaires putschistes, des véhicules brûlés et du matériel saccagé.
Le 14 mai 2015, très tôt le matin au lendemain de cette tentative échouée de coup d’Etat, la RPA est la première d’une autre série d’attaques menée par des policiers et militaires loyalistes lourdement armés aux environs de 4h. Ils laisseront les locaux, le matériel et véhicule de la radio totalement calcinés à l’aide d’essence.
Le commando s’est ensuite dirigé vers la radio-tv Renaissance pour l’attaquer à l’aide de roquettes. Vers 9h, la même équipe de policiers et militaires loyalistes s’est rendue à la radio Bonesha FM. A peine intimés l’ordre aux journalistes de vider les lieux que le commando a commencé à tirer à la mitrailleuse dans les différentes salles et studios de la radio, saccageant également le matériel.
Dans la même journée du 14 mai, la dernière radio attaquée sera Isanganiro aux environs de midi. Informés à la dernière minute de l’arrivée de ce groupe de militaires et policiers, les journalistes d’Isanganiro auront tout juste le temps de quitter les locaux sans pouvoir éteindre la radio. Celle-ci sera éteinte à coups de mitrailleuses.
Exil forcé pour les journalistes constamment menacés
Depuis cette date tragique pour les journalistes burundais, le public n’a plus accès à des informations variées, seule la radio-tv nationale contrôlée par le pouvoir pouvant émettre. Malgré les multiples demandes de reprise du travail, depuis 2 mois le Procureur Général de la République invoque des enquêtes pour interdire la reprise du travail des médias privés. Aussi, les journalistes des médias privés ont été menacés, certains attaqués au point de pousser près de 70 d’entre eux à l’exil.
