Nous sommes au chef-lieu de la province Gitega. C’est dans une famille d’agriculteurs. Le père de la famille se lance à la recherche des tâches en tant que maçon. C’est une famille de 6 personnes. Les parents et leurs 4 enfants. Pour le père de la famille, manger une fois par jour ce n’est que de la chance qui leur sourit. « Il arrive que nous passions toute la journée ou encore toute la nuit sans rien mettre sous la dent puisqu’ils n’ont rien eu. Même s’ils ont quelque chose, ce n’est pas pour bien manger. On ne mange qu’une seule fois par jour et souvent les adultes cèdent aux enfants lorsqu’il n’y en a pas assez pour tous. »
A ce moment, au chef-lieu de la province Kirundo, la situation devient de plus en plus dure pour les enfants de la rue. Dépassés par les évènements, ces enfants quittent la rue pour aller quémander dans les ménages à l’instar de cet enfant de 15ans. « Aidez-moi mon cher. Je vais mourir. Je viens vraiment de passer toute une semaine sans manger. Vraiment, tu m’auras sauvé. A vrai dire, je suis à bout. Ooooh, je vais bientôt mourir de faim sans te mentir. Ooooh, aies pitié vraiment de moi pour me donner ne fusses que quelques cents francs, je suis vraiment à bout. » Implore cet enfant à bord des larmes.
La situation est identique sur les collines surplombant la ville de Bujumbura. La rédaction de la synergie des médias s’est rendue dans une famille de Mugoboka. C’est à quelques mètres du quartier Mutanga Sud. Le père de famille affirme qu’ils mangent également une fois par jour. « On n’arrive pas à avoir assez d’argent pour nourrir la famille au moins 2 fois par jour. Mais si par chance tu croises une âme charitable, ce jour le soleil fini par se lever. »
Que ce soit à Gitega ou à Mugoboka dans Bujumbura rural, les enfants tentent tant bien que mal de contribuer pour la survie de la famille. Ainsi donc, à Mugoboka, les enfants de la rue se ravitaillent dans les dépotoirs ou encore font recours chez les voisins des quartiers de la mairie de Bujumbura. « Nous sommes désespérés parce que nous avons faim. Depuis le matin, nous n’avons rien mangé. Nous sommes venus le matin à la recherche du charbon mais nous n’en avons pas trouvé. Nous venons généralement pour mendier de la nourriture, du charbon, des habits, et par chance de l’argent. Nous emportons à la maison tout ce qu’on nous donne. »
Pour ceux de Gitega, ils se rabattent dans la fabrication des briques pour pouvoir apporter leur contribution. « Certains sont en train de transporter les briques sur la tête pour survivre. On me dit que l’autre fabrique des briques dans les marais, je ne sais rien à son compte, peut-être qu’il est là. Il y’en a ceux qui empochent quelque chose aujourd’hui ou encore demain. Nous ne mangeons que ce qu’ils nous achètent selon leurs moyens. »
Pour l’association Parole et actions pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités, ‘’PARCEM’’ la malnutrition est une réalité au Burundi. Pour Faustin NDIKUMANA, la malnutrition concerne 56 pour cent des enfants burundais. Pas mal de burundais mangent une fois par jour alors que normalement ils devraient manger 3 fois par jour.
Et le EFSA European Food SafetyAuthority, dans son étude effectuée en Mars 2017, trouve que depuis Avril 2015, le Burundi fait face à une crise multidimensionnelle qui se traduit en une dégradation continuelle de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance des populations. L’étude révèle que la situation continue à s’aggraver avec une insécurité alimentaire grandissante. Sur un total de 11.557.816 habitants, un chiffre que l’organisation attribue à l’ISTEEBU, Institut de Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi, 5.258.806 personnes vivent en situation d’insécurité alimentaire dont 982.414 en situation critique selon EFSA
Quant à l’OCHA, Bureau de coordination des aides, dans son plan humanitaire 2018, elle trouve que la situation nutritionnelle des enfants, déjà fragilisée par la malnutrition chronique qui touche 56% des enfants de moins de 5 ans d'après les données de 2016-2017, a continué de se détériorer. Pour cette année, cette organisation onusienne dit que le secteur nutrition apportera une assistance urgente à 1,1 million de personnes dont 700 000 enfants de 6 à 59 mois. Malgré cela, via la Radio télévision Nationale, le gouvernement de Bujumbura appelle tout burundais vivant au Burundi à contribuer pour les personnes vulnérables. A travers le compte twitter de cette radio, le gouvernement annonce qu’il compte créer à cet effet un compte pour les burundais de la diaspora.