« Nous sommes environ 600 personnes. Ce sont les coasters qui nous ont transportés. Nous arrivons maintenant à la frontière qui sépare le Burundi et le Rwanda, à l’endroit appelé Mparamirundi. Ceux qui sont restés à Nyarushishi, eux aussi, viennent d’arriver à la frontière de Cibitoke à l’endroit appelé Ruhwa. Ils sont en train de descendre les bus ». C’est un témoignage d’un des burundais adeptes d’Euzebie. Ils venaient d’arriver aux frontières KANYARU et RUHWA vers 11 heures ce lundi.
Selon cet adepte d’Euzebie, ils ont décidé de retourner parce que leur foi est incompatible avec l’enregistrement biométrique et la vaccination des enfants. « Ce travail de rapatriement a commencé vers 8 heures. La raison qui nous a poussés à quitter Nyanza, c’est parce que notre foi religieuse était menacée et que le Rwanda ne nous autorisait pas à vivre dans la liberté. Ils nous avaient demandés de faire un enregistrement biométrique par force, aussi de vacciner nos enfants par force. Mais nous leur avons refusé de le faire. Aussi nous avons demandé qu’on puisse aller demander refuge dans un autre pays mais ils ont refusé notre requête. Alors nous avons décidé de retourner dans notre pays ».
Selon une autre adepte d'Eusébie, arrivée au Burundi ce dimanche en provenance du camp de transit de Gashora. Elle explique qu’une partie des 1.600 burundais a passé la nuit non loin du poste de frontière de Gasenyi à Kirundo. Les autres ont été récupérés par leur familles et les véhicules venus des provinces. « Nous sommes arrivés à la frontière, emmenés par le Rwanda, les burundais nous ont accueillis. Par après, ils nous ont enregistrés par province d’origine. Puis nous sommes allés à pied jusque dans la localité appelée Bishisha où il y’a un terrain et un établissement, ils nous ont encore enregistrés. Si quelqu’un a un membre de la famille, il venait le prendre, pour ceux qui n’en avaient pas, des bus sont venus les prendre. Mais il y’a des provinces qui n’ont pas envoyé des bus pour les prendre, alors ces provinces ont fait savoir qu’ils vont envoyer ces bus ce lundi ».
Interrogé sur leur conflit avec le gouvernement depuis les événements du 15 Mars 2015 à BUSINDE, ces adeptes d’Eusébie pensent qu’ils ne seront pas inquiétés car, explique-t-ils, le pouvoir NKURUNZIZA a déjà compris qu’ils sont apolitiques. « Quand nous étions encore au Burundi, c’est vrai le gouvernement pensait que nous voulions le combattre, mais aujourd’hui je crois que le gouvernement sait que nous ne luttons pas contre lui mais pour notre foi. Ils ont vu que durant les manifestations aucun d’entre nous qui prions à Businde n’y ait participé. Même pour les événements qui ont suivi après, nous n’avons pas participé. C’est pourquoi nous croyons qu’ils ont compris que nous ne sommes pas dans la politique ».
Il y a de cela trois semaines, ces adeptes d’Eusébie avaient migré vers le Rwanda en provenances de la RDC pour les mêmes motifs. Accompagnés par la MONUSCO, ils avaient été accueillis par le HCR et le ministère en charge des réfugiés au Rwanda dans le camp de transit de NYARUSHISHI avant qu’une partie soit transférée à NYANZA et GASHORA.