Le parti CNL officiellement usurpé
Le congrès organisé par les dissidents du parti CNL vient d’être approuvé par le ministère en charge des partis politiques au Burundi. Une approbation dénoncée par des experts en droit et politique qui regrettent que la loi a été sacrifiée en faveur de la volonté du parti dirigeant.
Nestor Girukwishaka a été reconnu par le ministère de l’intérieur comme président et représentant légal du parti Conseil National pour la Liberté.
Dans sa correspondance sortie ce lundi 18 mars 2024, le ministre Martin Niteretse a pris acte du rapport du congrès extraordinaire organisé par certains dissidents du parti CNL, jusque-là dirigé par Agathon Rwasa, le 10 mars 2024 en province Ngozi. Le ministre de l’intérieur a également approuvé les décisions prises lors de ce congrès ainsi que la mise en place du nouveau bureau politique du parti CNL.
Une satisfaction du parti au pouvoir au détriment de la loi
Le ministre de l’intérieur a violé la loi de A à Z, réagit Aimé Parfait Niyonkuru, expert en droit. « Depuis la suspension des activités du parti CNL, le 02 juin 2023, le ministre de l’intérieur a violé la loi sur le fonctionnement des partis politiques. Celle-ci est bien claire, en son article 62, que la mesure de suspension doit indiquer la durée qui ne peut pas dépasser six mois ; ce que le ministre n’a pas fait. »
Professeur Denis Banshimiyubusa, spécialiste des partis politiques et des élections, explique quant à lui que ce qui vient d’arriver à l’honorable Agathon Rwasa est la conséquence de la volonté du parti au pouvoir de se présenter en solo aux prochaines élections, prévues en 2025 et 2027. Le spécialiste trouve que le CNDD-FDD fait feu de tout bois pour instaurer un régime monopartisan.
En effet, le Secrétaire Général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo a déclaré lui-même avoir invité Agathon Rwasa, principal concurrent du parti de l’aigle, à adhérer au CNDD-FDD. « Je lui ai dit deux fois : Si notre lutte a été aussi ta lutte, adhère au parti CNDD-FDD ou bien deviens un ami du parti. Demande-le-lui. Je le lui ai dit quand j'étais président du Sénat et que lui était vice-président de l'Assemblée Nationale. »
Révérien Ndikuriyo de préciser qu’Agathon Rwasa ne lui a pas répondu mais qu’il n’a pas manqué de lui dire qu’il risque de se décider trop tard.