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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Burundi : la fermeture des frontières avec le Rwanda suscite controverse entre le CNDD-FDD et l’opposition

Le secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo, affirme que la fermeture des frontières se maintiendra tant que Kigali abritera des opposants accusés de vouloir renverser le régime. Une position jugée ferme qui suscite la controverse et que l’opposition qualifie d’absurde et préjudiciable aux Burundais.

Le Burundi ne rouvrira pas ses frontières avec le Rwanda « tant que Kigali protégera ceux qui veulent renverser le pouvoir », a déclaré Révérien Ndikuriyo, lors d’une conférence de presse tenue samedi à Buye, en province Butanyerera. Selon lui, les responsables de la tentative de coup d’État de 2015 bénéficient toujours d’une protection au Rwanda.

« La balle est dans le camp de Kigali. Quelqu’un qui prête ouvertement main-forte aux gens qui veulent renverser le pouvoir, tel Niyombare, et qui les héberge une fois leur coup raté, ne devrait pas se braquer quand on lui demande de nous les remettre », a-t-il affirmé. Il a ajouté que ces personnes auraient déjà purgé leur peine si elles avaient été extradées : « Malheureusement, certains sont toujours à Kigali. S’ils meurent là-bas, c’est ok pour nous. Mais tant qu’ils sont encore en vie, on ne lâchera rien. »

Ndikuriyo a rappelé que la réouverture temporaire des frontières décidée par le président Ndayishimiye avait provoqué des conséquences tragiques. « Tout le monde a vu le carnage qui s’en est suivi. Ceux qui ont fait ça s’entraînaient au Rwanda. On leur a montré qu’on avait bon cœur et leur réponse a été de vouloir nous exterminer », a-t-il martelé. Selon lui, la fermeture des frontières reste une mesure de protection : « Arrêtez de verser dans le sentimentalisme. Si vous voulez voyager, passez par la Tanzanie ou la RDC. Vous pouvez même vous rendre à Kigali par avion tant que vous n’emportez rien. La vie de nos citoyens est sacrée. Rappelez-vous des dizaines de nos gens tués à Gatumba et à Ruhagarika. On ne veut plus de ça. Qu’ils acceptent de nous remettre ces criminels et là, on verra comment négocier. Mais aussi longtemps qu’ils soutiendront le Red-Tabara ou qu’ils protégeront les Niyombare et consorts, qu’ils ne viennent pas nous demander de rouvrir les frontières. Nous avons une liste de tous ces gens. S’ils ne veulent pas nous les remettre, qu’ils les tuent. Ça nous va aussi. »

Cette position jugée ferme est critiquée par Epitace Nshimirimana, porte-parole du MSD, qui estime que la fermeture pénalise davantage les Burundais que le Rwanda. « Ne pas rouvrir les frontières avec le Rwanda, tout en affirmant que ce pays n’a droit à rien, est absurde. Cette décision ne punit pas le Rwanda, mais bien le peuple burundais. En réalité, ce sont les Burundais qui souffrent de cette fermeture, car ils ont besoin de services qui n’existent pas au Burundi. Faute de soins médicaux modernes, de devises et d’autres services essentiels, les Burundais sont contraints d’aller les chercher dans les pays voisins, comme le Rwanda. La fermeture des frontières est donc une sanction contre les Burundais eux-mêmes », a-t-il dénoncé.

L’impact économique est également lourd, selon le MSD : « Cette mesure du CNDD-FDD, qui dure depuis des années, freine le développement du pays. Lorsque les Rwandais venaient commercer au Burundi, ils payaient des taxes qui alimentaient le trésor public. Priver le pays de ces échanges économiques, c’est se tirer une balle dans le pied. »

Réfugiés burundais : des propos qui suscitent la controverse

Révérien Ndikuriyo a également abordé la question des réfugiés burundais à l’étranger. Selon lui, la majorité d’entre eux n’ont pas fui pour leur sécurité, mais pour obtenir plus facilement des visas vers l’Europe ou les États-Unis. « Plusieurs journalistes, notamment de la RPA, ont quitté le pays parce qu’ils étaient de mèche avec les putschistes. Mais personne n’a été empêché de rentrer, à part une vingtaine recherchée par la justice. Alors, pourquoi le reste ne rentre pas ? » a-t-il demandé.

Il a précisé que seuls ceux ayant fui les massacres de 1972 et 1993 peuvent être considérés comme de vrais réfugiés. « Nous, qui étions dans les camps de Rukore, Rumasi, Mtenderi, Karago, Nduta, Kadembwa, Mukurwa, Mtabira 1 et 2, Uriankuru, Mishamo, Katumba, nous avions la légitimité d’être appelés réfugiés, car nous avions fui les massacres. Aussitôt que le pays a recouvré la paix, nous sommes rentrés », a-t-il expliqué.

Le secrétaire général du CNDD-FDD a également évoqué certains cadres du parti ayant fui en 2015. « Même au sein de notre parti, nous avons des frondeurs comme Pie Ntavyohanyuma et Onésime Nduwimana, ainsi que Gervais Rufyikiri et Kanyange. Ils ont collaboré avec les instigateurs du putsch pour démanteler le CNDD-FDD, mais cela a échoué et ils ont pris la fuite », a-t-il souligné.

Cette lecture de la situation est contestée par Léopold Sharangabo, président de la coalition pour la défense des droits des réfugiés, CDH-VICAR. Il rappelle que « ces propos reflètent une incompréhension des règles internationales et une amertume vis-à-vis des pays qui respectent la protection des réfugiés. La Convention de Genève de 1951 garantit expressément leurs droits. Les réfugiés ne doivent pas subir de nouvelles souffrances. »

Sharangabo exhorte le gouvernement burundais à rétablir un climat de confiance et de sécurité pour que chaque Burundais puisse rentrer librement et sans crainte. Il rappelle que plusieurs Burundais revenus d’exil ont été victimes de harcèlement, certains assassinés, et d’autres contraints de repartir. Il appelle enfin la communauté internationale et les pays d’accueil à continuer à soutenir les réfugiés, en leur garantissant les moyens nécessaires pour vivre dignement dans leurs conditions d’exil.

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