Burundi : Des diplomates burundais à l’étranger étranglés par les dettes et les arriérés de salaire

De nombreux diplomates burundais en poste à l’étranger vivent dans la précarité, contraints de contracter des dettes auprès de membres de la diaspora burundaise pour survivre, selon nos sources. C’est le cas du général de brigade de police Bertin Gahungu, chargé de la sécurité à l’ambassade du Burundi auprès de l’ONU à New York depuis fin 2020, qui a refusé d’obtempérer à l’ordre de rappel émis par Gitega en mai 2025. En cause : une situation financière critique, marquée par d’importantes dettes et plusieurs mois d’arriérés de salaire.

Rappelé au pays dans un contexte de tensions internes au sein du parti au pouvoir CNDD-FDD, le général Gahungu s’est retrouvé dans l’incapacité de quitter New York, faute de moyens financiers suffisants.

Un haut fonctionnaire du ministère a révélé que certains diplomates peuvent passer jusqu’à quatre mois sans percevoir leur salaire ni bénéficier des frais nécessaires à l’exercice de leur mission. Ce manque de soutien financier a considérablement retardé le retour du général Gahungu, particulièrement endetté dans la ville de New York.

Un proche du général a confié à la RPA que ce dernier disposait d’un délai d’une semaine pour regagner Bujumbura, mais qu’il avait catégoriquement refusé tant que ses dettes, notamment 7 000 dollars dus à l’établissement scolaire de ses enfants, n’étaient pas réglées. Malgré des démarches auprès de son supérieur hiérarchique, l’ambassadeur Zéphirin Manirabarusha, pour obtenir quatre mois d’arriérés de salaire, aucune solution ne lui a été proposée. Le ministère avait pourtant déjà financé un billet d’avion pour son retour, resté inutilisé.

Notre source indique que le général Gahungu avait envisagé de demander l’asile aux États-Unis ou au Canada. Mais, le ministère des affaires étrangères a résilié son contrat. Le général a expliqué qu’il ne pouvait pas quitter New York sans régler ses dettes, au risque de provoquer un incident diplomatique.

Selon une source proche du dossier, le général Bertin Gahungu serait désormais rentré à Bujumbura. Un diplomate burundais en poste à l’étranger déplore quant à lui la gestion actuelle de l’État, qu’il qualifie de quasi-faillite, soulignant la détresse financière dans laquelle se trouvent plusieurs diplomates vivant désormais à crédit.

La RPA n’a pas pu obtenir la réaction du ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Albert Shingiro, sur ce dossier.