Burundi : L'urgence humanitaire des enfants réfugiés congolais

Depuis le début de l'année 2025, le Burundi connait un afflux massif de réfugiés fuyant les violences dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC). Parmi ces nouveaux arrivants, plus de 53% sont des enfants, dont un nombre significatif se trouve non accompagné ou séparé de leur famille.
La commune de Rugombo, en province Cibitoke, est devenue l'épicentre de cette crise humanitaire, accueillant actuellement 42 124 réfugiés congolais. La situation des mineurs y est particulièrement préoccupante, comme le souligne le dernier rapport de l'UNICEF publié le 2 mars.
Ces jeunes réfugiés, ayant fui des violences extrêmes, présentent souvent des signes évidents de traumatisme. L'UNICEF estime que plusieurs centaines d'entre eux sont des enfants non accompagnés ou séparés, en plus de nombreux autres considérés comme hautement vulnérables.
Les conditions de vie de ces enfants sont alarmantes. Hébergés dans deux écoles et un stade, ils dorment à même le sol, exposés aux intempéries. L'accès limité à l'eau potable les expose à des maladies hydriques, tandis qu'un grand nombre souffre de malnutrition sévère.
L'intensité du conflit en RDC, souligne l’UNICEF, laisse craindre que beaucoup de ces enfants aient pu être victimes de violations graves, telles que des meurtres, des mutilations, des violences sexuelles, voire un recrutement forcé. Bien que ces éléments restent à évaluer, la situation demeure extrêmement préoccupante.
L'urgence d'agir
Ces enfants, séparés de leurs parents dans le chaos de la fuite ou ayant assisté à leur mort, sont confrontés à des défis psychologiques considérables. Un psychologue, s'exprimant sous couvert d'anonymat, décrit une situation préoccupante : « Certains ont vu leurs parents être tués sous leurs yeux. Ils développent une peur constante de la mort et une profonde détresse émotionnelle. »
Les conséquences de ces traumatismes sont multiples et inquiétantes. Sans prise en charge adaptée, ces enfants risquent de sombrer dans la dépression, l'isolement ou le rejet de toute forme d'aide. « Certains refusent de manger, d'autres abandonnent l'école ou s'enferment dans un mutisme inquiétant », explique le psychologue.
Vu l’urgence de la situation, les experts insistent sur la nécessité d'un accompagnement spécialisé. Les interventions recommandées incluent la création d'un cadre sécurisé, l'encouragement au jeu, la protection contre une exposition continue aux récits de guerre, et la possibilité d'exprimer leur vécu par la parole ou le dessin.
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Photo : crédit photo UNHCR Burundi