Trois personnes portées disparues, dont un militaire à la retraite : les familles demandent des éclaircissements

Trois personnes sont portées disparues depuis moins de deux mois, parmi elles un militaire à la retraite enlevé dimanche 21 septembre par des éléments de la police burundaise, selon des témoignages recueillis. Les familles et proches exigent des explications sur le sort de leurs disparus.
Le dernier cas en date est celui d’Audace Icoyitungiye, militaire en retraite originaire de la zone Gisozi, commune Mwaro, province de Gitega. Résidant dans le quartier Mutakura, zone Cibitoke, commune Ntahangwa en province de Bujumbura, il a été intercepté le dimanche 21 septembre 2025 par des policiers alors qu’il revenait de la messe. Les faits se sont déroulés vers 10 heures, au niveau du pont de la rivière Nyabagere. Cinq policiers l’ont embarqué de force à bord d’une camionnette Toyota double cabine sans plaque d’immatriculation, avant de prendre la direction de Mutakura. Sa famille affirme avoir mené des recherches dans les cachots de la zone Cibitoke, de Bubanza ainsi qu’à celui du service national des renseignements près de la cathédrale Regina Mundi, en vain.
Un autre cas est celui d’Alexis Nimbona, résident en Suède, arrêté le 12 septembre 2025 à l’aéroport Melchior Ndadaye par des agents du service des renseignements à son retour au pays. Conduit d’abord à la police judiciaire, il a été libéré le lendemain. Mais le 14 septembre, il a de nouveau été interpellé par des agents du service des renseignements, sous prétexte de lui restituer ses téléphones confisqués. Ses proches ignorent depuis lors le lieu de sa détention, et les motifs de son arrestation n’ont pas été précisés.
La troisième disparition signalée est celle de Fabien Nizigiyimana, originaire de la colline Muzenga, commune Mutaho, province de Gitega. Installé en ville de Gitega, il a été enlevé début août à Gisuru par des agents du service national des renseignements. Selon ses proches, la famille a été contrainte de payer une rançon dont le montant n’a pas été révélé, mais cette tentative n’a pas permis sa libération.
Les familles des trois disparus affirment qu’elles n’ont aucune nouvelle de leurs proches et demandent que toute la lumière soit faite sur ces disparitions.
Le RCP appelle à la justice et à la vérité
Le Réseau des Citoyens Probes (RCP) dénonce la recrudescence des disparitions qui plongent les familles dans une détresse insoutenable. Son vice-président, Gervais Nibigira, exprime une profonde inquiétude face à ces enlèvements récents, qu’il qualifie de violations graves et persistantes des droits humains.
Le RCP demande l’ouverture d’enquêtes indépendantes sur ces cas. L’organisation rappelle que ces pratiques rappellent des périodes marquées par l’impunité et condamne des actes contraires au droit national ainsi qu’aux engagements internationaux du Burundi, notamment la convention protégeant toutes les personnes contre les disparitions forcées.
Gervais Nibigira exhorte les autorités à traduire les responsables en justice et à garantir aux familles le droit à la vérité, à la réparation et à la justice. Il appelle également la communauté internationale et les instances des Nations Unies à renforcer leur suivi et à intensifier la pression afin de mettre un terme à ces violations graves des droits humains au Burundi.