Bubanza: Les mères célibataires accusées d’adultère à Mitakataka
Une vingtaine de femmes divorcées et filles mères de la localité de Mitakataka en commune et province Bubanza sont en détention. L’administration communale les accuse d’adultère pour avoir mis au monde des enfants alors qu’elles n’ont pas de maris. Les habitants de Mitakataka parlent d’injustice et plaident pour la justice de ces femmes et filles mères.
Jeudi 23 mai, l’administrateur de la commune Bubanza, Olive Niyonkuru accompagnée par des policiers ont fait le tour dans une vingtaine de ménages des femmes divorcées et filles mères de Mitakataka. Toutes ces femmes divorcées et filles mères ont été conduites au cachot du commissariat de police à Bubanza. L’administrateur de Bubanza les accuse d’adultère. Au lendemain de leur arrestation, il leur a été imposé un paiement d’une amende allant de 50 mille à 500 mille BIF « accusées d'être à l'origine des querelles entre les couples mariés et des conflits dans les foyers », déplorent les habitants de la localité.
Certaines de ces mères ont laissé de petits enfants seuls à la maison. Les victimes de ces arrestations font savoir qu'elles sont punies injustement, car elles n'ont violé aucune loi. Ces femmes et filles mères trouvent que la raison avancée par l’administration, celle de vouloir lutter contre l’adultère, n’est qu’un prétexte. « Si c'était pour lutter contre l'adultère, l'administration n'allait pas nous soutirer de l’argent, c'est tout simplement une façon de les rançonner. » Regrettent-elles.
Olive Niyonkuru, administrateur de la commune Bubanza, elle, a reconnu avoir fait arrêter ces femmes qui sont en train de détruire les foyers d'autrui, affirme-t-elle. L’administrateur de la commune d’expliquer que les amendes exigées à ces détenues sont mises dans les caisses de la commune et que celles qui s’en acquittent, reçoivent des quittances.
L’adultère, une infraction punie sur plainte du conjoint
La loi numéro 1/27 du 29 décembre 2017 portant révision du Code pénal précise en son article 552 que « la condamnation pour adultère ne peut avoir lieu que sur plainte du conjoint qui se prétend offenser. » Le même article souligne qu’en cas de retrait de la plainte par le plaignant, la procédure judiciaire est arrêtée.
Les articles 550 et 551 de la même loi stipulent que les deux personnes condamnées pour adultère sont punies d’une amende de vingt à cent mille francs burundais.
Se basant sur ces articles du Code pénal burundais, les défenseurs des droits humains parlent de violation des droits de ces mères célibataires et d’abus de pouvoir de l’administrateur de la commune Bubanza qui n’est pas habilité à s’autosaisir dans ce genre d’infraction.