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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

La vente des récoltes de maïs à l’ANAGESSA, une dépossession voilée ?

La vente des récoltes de maïs à l’ANAGESSA, une dépossession voilée ?
Des cultivateurs de différentes localités viennent de passer plus de deux mois dans l’attente d’être payés pour les récoltes de maïs vendues à l’ANAGESSA, l’Agence Nationale de Gestion du Stock Stratégique Alimentaire.  Ne sachant plus à quel saint se vouer, ces cultivateurs craignent une spoliation de leurs récoltes.

 

Les dernières indignations diffusées par la RPA sont celles des cultivateurs de maïs de la commune de Kayogoro situé en province Makamba (Sud du pays). Les cultivateurs de maïs de cette commune, qui ont vendu leurs récoltes à l'ANAGESSA dénoncent des magouilles opérées lors de cette campagne d’achat de maïs et qui leur ont fait encaisser de pertes.  

« Deux agents de l’ANAGESSA, un nommé Bernard Ciza et un autre prénommé Lubin, ont volé de grosses quantités de maïs et ont détourné de l’argent. Si tu allais vendre par exemple une tonne de maïs, ils retiraient 100 kg, car ils avaient truqué la balance. Par la suite, ils indiquaient qu’ils vont payer 1500fbu par kilogramme au lieu du prix officiel de 1700 Fbu », témoigne un des cultivateurs de Kayogoro.

Ces deux agents de l’ANAGESSA sont également des membres influents du parti au pouvoir en commune Kayogoro. Bernard Ciza est le responsable des imbonerakure à Kayogoro et le prénommé Lubin, un imbonerakure (ligue de la jeunesse du parti au pouvoir).

Alertées sur ces magouilles par certains habitants de la localité, les autorités de Kayogoro ont commandité une enquête, laquelle enquête s’est soldée par une confirmation des grognes des habitants. Mais cela n’a pas pour autant fait avancer les choses, les cultivateurs attendent depuis trois mois d’être remboursés.

Et pendant ce temps, seul l’imbonerakure Lubin est en détention à la police judiciaire de Makamba mais son collaborateur Bernard Ciza lui, jouit encore de l’impunité, ce que dénoncent les cultivateurs de Kayogoro qui déplorent aussi le fait que l’ANAGESSA a clôturé sa campagne d’achat et n’a laissé à ces fournisseurs de maïs que des jetons à présenter le jour du paiement.

Cette situation de la commune Kayogoro n’est pas un cas isolé. Dans toutes les localités du pays, les cultivateurs de maïs grognent, car l’ANAGESSA ne les a pas payés jusqu’aujourd’hui.

En commune Rugombo de la province Cibitoke (Nord-Ouest du pays), non seulement ils n’ont pas l’argent des récoltes vendues, mais aussi l’ANAGESSA n’a pas acheté toutes les quantités. Les cultivateurs regrettent qu’ayant été interdits à vendre leurs récoltes ailleurs, elles commencent à pourrir là où elles ont été déposées, dans l’attente d’être prises par l’agence nationale ANAGESSA.

« Il y a une grande quantité de graines de maïs ici au terrain de la Coopérative. Vraiment, nous sommes désolés d’avoir eu une bonne récolte et que nous manquons d’acheteurs. Maintenant, les insectes   attaquent ces graines de maïs et ils commencent à pourrir. » Regrette un des cultivateurs de Rugombo.

Malgré la bonne récolte qu’ils avaient eu, ces cultivateurs de Rugombo font savoir qu'actuellement, ils ne peuvent pas subvenir à leurs besoins. Ils comptaient sur leurs productions de maïs.

Certains cultivateurs n’hésitent pas de dire que le gouvernement les a spoliés en se basant sur le fait qu’ils étaient même empêchés de vendre leurs récoltes à des commerçants qui  « étaient prêts à payer cash les récoltes achetées. »

 Le projet ANAGESSA, une tactique d’appauvrissement de la population, selon le MSD

Le porte-parole du parti Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie n'y va pas par quatre chemins en réagissant aux indignations des habitants de différentes localités du pays. Pour Epithace Nshimirimana,  « les cultivateurs de maïs ne devraient pas parler que c’est l’ANAGESSA qui leur a volé, c’est plutôt le régime en place qu’ils devraient accuser de vol et spoliation. C’est une stratégie du président Ndayishimiye de spolier les biens de ses gouvernés. »

Le projet ANAGESSA est une première au Burundi, ajoute Epithace Nshimirimana. « Même si on tient compte de la période d’avant l’indépendance, c’est la première fois que nous voyons un régime qui empêche ses sujets de consommer ses récoltes, de les vendre comme bon lui semble. » Une situation qui, selon le porte-parole du MSD, entre dans  « la logique du régime en place qui consiste à appauvrir et affamer la population. »

 

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