Burundi : Quand la pénurie des cartes CAM complique l’accès aux soins

Dans plusieurs provinces du pays, les cartes d’assistance médicale (CAM) sont devenues rares, rendant difficile l’accès aux soins pour de nombreux citoyens. En plus de cette pénurie, des pots-de-vin sont parfois exigés pour en obtenir une. Par ailleurs, les médicaments manquent souvent dans les centres de santé, ce qui complique encore davantage la prise en charge des malades.
Les cartes CAM, officiellement vendues à 3 000 FBu (+ 1 000 FBu pour les frais d’ambulance), sont devenues quasi introuvables dans de nombreuses provinces. Les témoignages recueillis auprès des habitants révèlent un système gangrené par les pots-de-vin. « Pour obtenir une CAM aujourd’hui, il faut débourser entre 20 000 et 30 000 FBu via des intermédiaires », dénonce un résident de Muyinga.
À la pénurie s’ajoute une distribution inéquitable. Dans certaines régions, les cartes ont réapparu en mars dernier, mais en quantités insuffisantes face à la demande croissante, notamment après l’expiration des anciennes cartes. « Le gouvernement oblige que chacun soit en règle, mais les cartes manquent cruellement », souligne un citoyen anonyme.
Des médicaments inaccessibles malgré la couverture
Les détenteurs de la CAM font face à une double peine : non seulement la carte est difficile à obtenir, mais elle ne garantit plus l’accès aux médicaments essentiels. « Les structures sanitaires n’ont pas les traitements nécessaires. On nous renvoie vers les pharmacies privées, où tout doit être payé en totalité », explique un usager. Cette situation annule de fait l’utilité de la CAM, pourtant présentée comme un outil de protection sociale.
Le personnel soignant pointe du doigt les retards de paiement de l’État. « Les fonds alloués par le gouvernement arrivent trop tard, ce qui limite notre capacité à acheter des médicaments en quantité suffisante », confie un agent de santé.
Les citoyens, épuisés par cette double injustice, payer une carte inaccessible et devoir financer leurs médicaments, interpellent les autorités : « Si rien n’est fait, la CAM n’aura plus d’utilité », alerte un habitant de Bujumbura.
Les informations que nous détenons de nos sources au sein du ministère de la Santé publique et de la lutte contre le sida affirment que le ministère est informé de la crise et travaille à résorber la pénurie.