Environ 300% de surpopulation carcérale suite à un dysfonctionnement de l’appareil judiciaire
La ministre de la justice reconnaît la surpopulation carcérale. Une surpopulation qui atteint presque le niveau de 300% de la capacité des prisons du pays, démontrent les défenseurs des droits humains au Burundi. Toutefois, dans une correspondance adressée, ce lundi 31 octobre 2022, aux chefs des juridictions et procureurs du pays, la ministre Banyankimbona planifie d’atteindre le désengorgement à travers le sens de responsabilité du personnel sous son autorité.
Les 10 prisons se trouvant dans 10 provinces étaient jusqu’au 31 septembre 2022, exactement un mois avant cette circulaire, surpeuplées à presque 300% de leur capacité, montrent les statistiques des défenseurs des droits de l’homme. Ayant une capacité de 4 294 détenus, ces prisons comptaient à cette date 12 323 détenus et 117 nourrissons. Parmi ces plus de douze mille détenus, seuls 5 309 étaient condamnés, 6 882 restant sont des prévenus.
D’après toujours les enquêtes des défenseurs des droits de l’homme, cette surpopulation est causée par des détentions arbitraires et la lenteur dans le traitement des dossiers des détenus.
Ainsi, plusieurs personnes sont enfermées pour des raisons politiques, des charges leur sont collées pour avoir juste un motif de les emprisonner. Des centaines de personnes ont bénéficié d’une grâce présidentielle mais n’ont pas été libérées. Il y’en a ceux qui ont purgé leurs peines mais restent enfermées. D’autres encore ont été acquittées, pourtant ils n’ont pas été autorisés à quitter ces maisons carcérales. Et certains autres restent emprisonnés pour avoir manqué les amendes à payer. Des frais qui entrent dans les caisses de l’Etat.
Se montrant préoccupée entre autres par le coût de ces détentions à l’Etat, la ministre Domine Banyankimbona semble, dans sa correspondance, attendre la solution dans le bon sens des chefs de juridiction et procureurs, personnel sous son autorité.
Pourtant, la solution à certains de ces cas de détention sans titre est de son propre ressort, comme le cas des détenus graciés mais qui n’ont pas été libérés. De même que les détenus qui ont manqué les amendes. Ici plus d’un se demandent pourquoi cette autorité garde toujours en prison ces détenus qui continuent à consommer l’Etat, alors qu’elle pouvait trouver un moyen de les faire payer ces amendes étant libres.
Les détenus acquittés et ceux qui ont purgé leurs peines doivent être libérés par les responsables de leurs maisons de détention. Ne pas les libérer est une faute sanctionnée par la même ministre de la justice, pour ne citer que ces quelques exemples.
Au lieu donc d’attendre le bon sens de son personnel, la ministre pouvait agir, faire recours à ses prérogatives et désengorger ces maisons carcérales en rendant justice à plusieurs burundais emprisonnés injustement.