Le patron du CNL sort enfin du silence pour dénoncer les exactions à l’endroit de ses fidèles
En moins d’un mois, au moins 10 membres du parti CNL ont été portés disparus dans la seule province de Ngozi. La seule infraction leur reprochée serait d’être de mèche avec les groupes rebelles. Ce que réfutent les familles des victimes qui parlent plutôt d’intolérance politique qui prend de plus en plus de l’ampleur.
Les enlèvements les plus récent sont au nombre de 5. Parmi ces 5, 4 ont été enlevés le 02 de ce mois de Décembre. Il s’agit d’Olivier Nkurunziza, enseignant à l’école fondamentale de Gisha en commune Tangara. Originaire de la colline Gasekanya, zone et commune Tangara, il a été arrêté à son domicile puis embarqué dans un véhicule de la police à bord duquel se trouvaient des jeunes imbonerakure du parti au pouvoir, le CNDD-FDD.
Le deuxième est le nommé Manassé Nduwayo. Il a lui aussi été appréhendé alors qu’il se trouvait chez lui. Cela s’est passé pendant la nuit sur la colline Munagano de la commune Kiremba. Embarqué à bord d’un véhicule de la police plein d’imbonerakure, il est introuvable depuis.
Le troisième est un certain Salomon Nduwayo. Habitant la zone Mubuga, son arrestation s’est passée comme les deux précédentes. Idem pour Manassé Uwimana, le quatrième membre du parti CNL originaire de la colline Kobero en commune Ruhororo.
Le cinquième est le nommé Venant Nahabonimana. Représentant du parti CNL à l’université de Ngozi, il a été arrêté le 1er décembre de cette année. Tiré de chez lui au quartier Rubuye pendant la nuit par des imbonerakure, il a lui aussi été embarqué dans un de la police. Il est originaire de la colline Ciri en commune Kiremba.
Les deux dernières semaines du mois de novembre, cinq autres membres du parti CNL ont été enlevés dans les mêmes circonstances. Deux sont de la ville de Ngozi tandis que 3 autres sont de la commune Gashikanwa.
Les familles de tous ces membres du parti CNL indiquent que les leurs ne sont victimes que de leur appartenance politique. Elles ajoutent qu’elles ont cherché partout dans les maisons de détention mais en vain.
A propos de ces disparitions forcées, nous n’avons pas pu joindre Bonfort Ndoreraho, commissaire provinciale à Ngozi encore moins Epipode Baranyikwa, le gouverneur de la province Ngozi.
Après un long silence radio, le numéro un du parti CNL dénonce la persécution de ses membres
Selon Agathon Rwasa, l’intolérance politique dont font face ses partisans s’est beaucoup accrue depuis la prise de pouvoir par Evariste Ndayishimiye. Comme ce leader de l’opposition l’a déclaré ce samedi 04 décembre, des montages ont été orchestrés juste pour coffrer ou faire disparaître au moins une centaine de ses fidèles. ‘’On dénombre plus de 200 cas d’arrestations arbitraires depuis que le président Ndayishimiye est aux affaires. Là c’est côté CNL seulement. Nous déplorons également plus de 20 morts et portés disparus. Malheureusement, on voit que c’est un modus operandi parce que ça se pérénise. Aujourd’hui, la province la plus ciblée est celle de Ngozi. Ce qui se passe est un harcèlement. Si les autorités administratives ou autres étaient conscientes, elles devraient se conformer à la loi.’’ Et Agathon Rwasa de regretter que ses gens continuent d’être arrêtés en violation de la loi, sans aucune preuve. ‘’ Nul ne devrait être arrêté sans qu’il y ait un mandat quelconque. De plus, nous pensons que c’est juste des bricolages que l’on fait juste pour accuser, à tort, mes sympathisants de participation à des groupes rebelles ou de détention d’armes alors que nul n’a été attrapé avec un quelconque indice. Le pire, c’est qu’on arrête des quinquagénaires et des sexagénaires. Par ailleurs, s’il s’avère qu’il y a des gens qui ont choisis de prendre les armes contre ce pouvoir en place, ce dernier devrait plutôt faire une introspection et voir si ses prestations envers la population sont conformes aux aspirations de cette population. Car, nulle part au monde, un peuple ne peut pas se soulever s’il est bien traité.’’ A-t-il souligné.
Aghaton Rwasa n’a pas manqué de dénoncer le fait que ces arrestations soient faites par des jeunes Imbonerakure. D’où il a demandé à la justice de se ressaisir pour qu'un membre de son parti qui serait accusé d'une infraction quelconque soit poursuivi par les organes habilités. ‘’ Nous demandons à la justice de se ressaisir et d’exercer sa mission à savoir rendre la justice pour aider la société à être stable et à être respectueuse de la loi. Et le respect de la loi commence par le respect d’autrui. Lorsque dans un pays on voit que la justice penche du côté de celui qui est détenteur du pouvoir au détriment du citoyen ordinaire, vous comprendrez qu’on n’avancera jamais. Nous demandons à la magistrature de sévir contre tous ceux-là qui s’immiscent dans le travail de la justice, de la police et de l’administration. Ici je veux dire ces citoyens ordinaires comme tout le monde qui s’arrogent le droit d’arrêter, des fois même d’infliger des sanctions à leurs concitoyens dans différentes zones ou dans différents villages du pays. On voudrait jouir d’une justice équitable. On ne demande pas plus.’’
Le fondateur et président du parti CNL fait un clin d’œil au système judiciaire burundais afin de redorer son image au lieu de toujours rester passif devant toutes ces exactions.