Cibitoke : Les malheurs des rapatriés abandonnés à leur sort
Les enfants de la centaine de familles rapatriées de la RDC ne fréquentent pas jusqu’ici l’école. Ces enfants passent leurs journées à mendier dans les rues pour avoir de quoi manger. Sans abri, sans latrines ni accès à l’eau potable, ces rapatriés se trouvant dans la zone Gasenyi de la province Cibitoke craignent d’attraper diverses maladies.
‘’Je suis une mère qui élève seule mes 9 enfants. L’aîné était en 9ème année secondaire dans le camp de réfugiés et le dernier était en 2ème année primaire. Mais depuis notre retour au pays, aucun enfant ne fréquente l’école. Comment y aller sans avoir mangé, sans cahier ni uniforme ?’’ Raconte une de ces rapatriés se trouvant entre les collines de Gateri et Mukashu de la zone Gasenyi en commune de Buganda.
Au lieu d’aller étudier comme d’autres élèves, ces enfants passent leurs journées à mendier dans les ménages et dans les rues pour qu’ils ne meurent pas de faim. ‘’Tous ces 9 enfants, je les envoie mendier dans les ménages pour qu’ils puissent apporter un peu de nourriture que ce soit du manioc ou des patates douces. Les plus petits, je les envoie mendier sur la route. Ils quémandent de l’argent auprès des passants en voiture.’’ Explique cette mère qui précise que les parents sont préoccupés par leurs jeunes filles qu’ils envoient mendier car elles risquent d’être victimes des abus sexuels.
Leur santé menacée
Les rapatriés qui se trouvent dans la zone Gasenyi sont à plus de 100. Ils s’abritent sous les arbres de la localité de Mukashu située en zone Gasenyi de la commune Buganda. Ils vivent dans des conditions déplorables. Ils n’ont ni eau potable ni latrines. Pour avoir de l’eau, ils recourent aux eaux du ruisseau Mukashu tandis qu’ils se soulagent un peu partout dans la nature. Suite à l’insalubrité dans laquelle ils baignent, ces rapatriés sont des cibles potentielles des maladies de mains sales. ‘’A cet endroit, nous sommes plus de 100 personnes. Au moment d’aller se soulager, nous envoyons nos enfants se soulager sous les arbres. Nous le faisons dans la nature. Je me soulage partout où j’arrive car il n’y a pas de toilettes étant donné qu’on vit sous les arbres’’, se lamentent ces rapatriés.
Ils craignent ainsi d’attraper le choléra vu qu’ils vont puiser l’eau malpropre du ruisseau Mukashu dans lequel les gens lavent des véhicules. ‘’Nous buvons cette eau sale car nous n’avons pas de choix. Le choléra va nous exterminer’’, martèle avec colère un des rapatriés.
Ces rapatriés passent la nuit à la belle étoile. Dans le froid, ils sont piqués par des moustiques. ‘’L’endroit où nous sommes est très déplorable. Le froid menace les enfants. Il y’a aussi des moustiques qui nous piquent tout le temps.’’
Sans nourriture ni ustensiles de cuisine, s’ils trouvent de la nourriture, ils mangent sur des feuilles d’arbre. Ces faits combinés les exposent à d’autres maladies telles la malaria et autres surtout pour les enfants. Ils demandent aux bienfaiteurs de leur venir en aide pour sortir de cette vie misérable.
Ces rapatriés viennent de passer plus de trois semaines dans cette localité. A leur arrivée, le ministre de l’intérieur, Martin Niteretse, a ordonné qu’ils ne reçoivent pas le paquet retour octroyé normalement par le HCR aux rapatriés. Depuis lors, aucune autorité burundaise n’a fait le déplacement pour s’enquérir de leur situation.
Au total, 234 familles ont été rapatriées de la RDC en date du 17 Septembre. Elles proviennent de différentes communes de la province Cibitoke. La majorité erre jusque-là dans les rues, pour différentes raisons révèlent nos sources locales. Certains sont des enfants orphelins qui sont rentrés seuls, ignorant leurs origines car leurs parents sont décédés en exil en RDC. D’autres proviennent des localités lointaines du chef-lieu de la commune. Alors qu’ils ont été déposés à la commune, ils n’ont pas de moyens pour arriver chez eux.