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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

La société civile burundaise reste engagée malgré le blackout imposé par Bujumbura

mai 31, 2016 0 2654
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Les organisations de la société civile burundaise continuent de produire des rapports sur les violations des droits de l’homme au Burundi surtout en cette période de crise. Ces rapports mettent en exergue les exactions commises par des agents des services de sécurité de l’Etat, des jeunes affiliés au parti au pouvoir ainsi que des groupes armés qui ne revendiquent pas leurs crimes. Une tâche qui n’est pas aisée avec la fermeture imposée à d’importantes organisations de la société civile, pour justement éviter qu’elles ne poursuivent leurs activités.

 

Le Forum pour la conscience et le développement ‘’FOCODE‘’a lancé il y a quelques temps une campagne dénommée « Ndondeza » qui alerte et documente sur les disparitions forcées devenues quotidiennes au Burundi. Ces disparitions sont le fait d’agents des services de sécurité de l’Etat et principalement du service national des renseignements (SNR).

 

Dans sa dernière publication datée du 26 mai 2016, le FOCODE documente la disparition d’Eric Niyungeko. Arrêté le 31 octobre 2015, ce cadre de l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU), qui est aussi membre du parti de l’opposition MSD, n’a plus été revu depuis ce jour. Il a été enlevé par le Commissaire Gérard en zone Kamenge près du bar ‘’ Iwabo w’abantu ‘’, appartenant à l’ancien homme fort des services de sécurité Burundais feu Lieutenant-Général Adolphe Nshimirimana.

 

Pacifique Nininahazwe, Président du FOCODE, fait savoir que la famille du disparu a été menacée au moment où elle menait des recherches. « Eric Niyungeko, représentant du parti MSD en Province Karusi a pris le trajet Bujumbura-Karusi dans un bus de la compagnie de transport ‘’Memento’’ en date du 31 octobre 2015, il allait effectuer le payement des travailleurs journalier de l’Isabu. Le bus a été stoppé près du bar Iwabo w’abantu en Zone Kamenge au niveau d’une position de police.  La police a fait sortir de la voiture Eric Niyungeko. La même police a remis Eric Niyungeko au Commissaire Gérard, un agent du Service National des Renseignements. Le Commissaire Gérard connaissait bien Eric Niyungeko parce qu’il fut chargé des finances au bureau du Service National des Renseignements à Karusi. Après son  arrestation, Eric Niyungeko a été emmené dans un bar situé derrière la station d’essence Kobil se trouvant en Zone Kamenge, avant d’être embarqué vers une destination jusqu’ici inconnue. Personne ne l’a revu » rapporte Pacifique Nininahazwe, coordinateur de la Campagne « Ndondeza ».

 

Le FOCODE affirme que le Directeur Général de l’Isabu, employeur du disparu, a déposé une plainte à la police judiciaire ; mais jusqu’à présent, aucune enquête n’a été menée pour le retrouver.

 

La famille d’Eric Niyungeko s’est aussi dirigée vers la Commission nationale des droits de l’homme. La CNIDH a évoqué brièvement le cas du disparu dans son rapport annuel de 2015, ajoute Pacifique Nininahazwe. « Le rapport mentionne qu’il aurait été arrêté par les agents du Service National des Renseignements. Rien ne montre cependant l’implication de la CNIDH dans la recherche de la vérité sur la disparition d’Eric Niyungeko ou si elle a porté plainte en justice » déplore le Président du FOCODE qui demande au SNR de montrer où se trouve Eric Niyungeko.

 

Le FOCODE annonce qu’il a déjà soumis les cas déjà documentés par leur organisation à des experts qui aideront dans la confection des dossiers à soumettre à l’ONU ainsi qu’à l’Union Africaine. Le cas d’Eric Niyungeko est le 7ème cas de disparitions forcées documenté par le FOCODE. L’organisation de Pacifique Nininahazwe est l’une des organisations de la société civile interdite d’activité au Burundi par le gouvernement du Président Nkurunziza. La campagne « Ndondeza » lance ses rapports essentiellement sur les sites et réseaux sociaux ainsi que sur les médias crées par les journalistes en exil dont Humura de la RPA.

 

Les organisations de la société civile veulent garder l’alerte

 

Outre le FOCODE interdit d’activités au Burundi, d’autres organisations de la société civile se trouvant dans la même situation, gardent constamment l’alerte sur les exactions commises au Burundi.

 

Ainsi l’APRODH, dont le Président Pierre Claver Mbonimpa a été forcé à l’exil après une période d’hospitalisation due à une tentative d’assassinat, a ouvert un bureau en Europe pour continuer à centraliser les données sur les cas d’assassinats, d’exécutions sommaires, d’arrestations abusives et autres exactions. Ce défenseur des droits de l’homme a déjà plaidé à de nombreuses reprises devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur les graves violations des droits de l’homme au Burundi, particulièrement depuis le début de la crise. Selon l’APRODH, les victimes tuées depuis le début de la crise dépassent le millier, sans compter les disparitions forcées dont le sort des victimes est incertain.

 

Dans la publication des rapports, une autre campagne dénommée « SOS-Torture Burundi » a vu le jour après les massacres des 11 et 12 décembre 2015 à Bujumbura, des massacres imputées aux membres des services de sécurité du gouvernement. La coordination est dirigée par Me Armel Niyongere, président de l’Action Chrétienne contre l’abolition de la torture (ACAT) dont l’organisation est aussi interdite d’activité au Burundi.

 

Dans son 24ème rapport hebdomadaire daté du 21 au 28 mai 2016, « SOS-Torture Burundi » rapporte l’assassinat de 6 personnes au cours de cette période, la disparition de 3 militaires ainsi qu’une dizaine d’arrestations arbitraires dans les localités et quartiers visés par la répression des forces de l’ordre. Ces quartiers sont principalement ciblés car les habitants ont participé aux manifestations contre le 3ème mandat du Président Pierre Nkurunziza.

 

Tout comme Mbonimpa et Nininahazwe, Me Niyongere a été forcé à l’exil à cause de ses activités au sein de la société civile.

 

C’est aussi le cas d’Anschaire Nikoyagize, président de la ligue des droits de l’homme Iteka lui aussi en exil. La Ligue Iteka produit aussi un rapport hebdomadaire dénommé « Iteka n’ijambo » qui collecte des données dur les violations des droits de l’homme en cours au Burundi. Cette organisation a été particulièrement affectée par l’arrestation et la disparition forcée de l’une de ses employées. Marie Claudette Kwizera, chargée des finances au sein de la ligue Iteka, a été arrêtée le 10 décembre 2015 par des agents du service national des renseignements (SNR) ; mais n’a jamais été revue à ce jour ni par sa famille ni par ses collègues membres de la société civile.

 

Une campagne a été lancée par plusieurs organisations internationales dont la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme) mais également sans résultats.

 

Malgré ces conditions de travail difficiles, les organisations de la société civile burundaise continuent leur engagement en faveur du respect des droits de l’homme au Burundi et de la fin de l’impunité.

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