Welcome to RPA   Click to listen highlighted text! Welcome to RPA Powered By GSpeech

Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Budget 2016 : austérité incontournable, mais ministères sociaux sacrifiés

janvier 07, 2016 0 2671
Rate this item
(0 votes)

Le Gouvernement burundais adopte une politique d’austérité pour cette année 2016 au vu de son budget. Mais cette diminution des dépenses de plus de 300 milliards de francs comparé à l’année précédente est beaucoup plus liée à la crise politico-sécuritaire qui prévaut qu’à la volonté réelle du Gouvernement Nkurunziza de diminuer ses dépenses. Un constat amer cependant : les ministères sociaux et économiques sont les plus frappés par cette coupe drastique du budget que les ministères gérant la police et l’armée considérés comme les organes de répression de quiconque s’oppose au troisième mandat du Président Nkurunziza.

Pour 2016, un premier constat se dégage : pas de hausse de taxes ou impôts ou d’introduction de nouvelles taxes. Par contre, le Gouvernement fait une coupe drastique d’un peu plus de 300 milliards de francs de son budget qui passe à 1.119 milliards comparé à 1.444 milliards en 2015. Certaines mesures ont été prises pour serrer la ceinture : le gel des recrutements à l’exception de l’OBR ou encore le gel des annales et autres primes. De façon global, les taxes introduites depuis 2 ans restent en vigueur comme la taxe de consommation mais aussi la très controversée redevance téléphonique sur les appels locaux et internationaux ; une taxe qui a fait rage l’année dernière du fait de sa gestion jugée frauduleuse.

 

Crise oblige, le Gouvernement prévoit aussi une baisse des recettes fiscales de l’ordre de 45 milliards de francs en 2016 qui passeraient de 676 milliards à 631 milliards de francs. Mais cette prévision à la baisse est toutefois moindre par rapport à celle de 2015 qui a atteint près de 150 milliards de francs de perte pour l’OBR suite à la crise politico-sécuritaire depuis avril 2015. D’aucun peut se demander si le Gouvernement table sur un relèvement économique en 2016 pour oublier la récession catastrophique d’environ 7% enregistrée en 2015, mais aucun signe d’espoir ne montre des facteurs propices à cette reprise.

 

Le choc le plus rude mais qui n’est pas une surprise est la conséquence des suspensions des aides et appuis des partenaires du Burundi. Ces dons passent de 699 milliards en 2015 à 374 milliards en 2016, soit près de 50% de baisse des dons des bailleurs. Ces suspensions de l’aide avaient été annoncées au cours de l’année 2015 suite à la crise liée au forcing du Président Nkurunziza pour un troisième mandat. Même le fond commun de l’éducation auquel les bailleurs contribuent est fortement touché : il passe de 87 milliards à seulement 12 milliards de francs soit 75 milliards de budget en moins.

 

 

Les ministères sociaux et économiques sacrifiés

 

 

Pour ce qui est de la répartition de ce budget, alors que les ministères sociaux et économiques connaissent des coupes sévères, la Présidence garde l’essentiel de son budget, à l’exception de la chasse gardée du Président Nkurunziza à savoir l’appui aux bonnes initiatives qui est réduit à 1 milliard 200 millions de francs au lieu de 2 milliards habituellement alloués  à cette activité dont la gestion a toujours été dénouée de toute transparence.

 

En ces temps de répression menée par les services de sécurité, justement leur budget devient intouchable. Ce qui permet au SNR de garder son budget de 3 milliards 730 millions, de même que la garde présidentielle ainsi que les Ministères de la sécurité et de la défense.

 

Même l’Assemblée Nationale et le sénat voient leurs budgets réduits respectivement de 2 milliards et 1 milliard de francs. Il en va de même pour le Ministère de l’Intérieur amputé de 2 milliards et 100 millions de francs sur son précédent budget, principalement dû au fait que la production de la carte d’identité biométrique disparaît des lignes budgétaires. En 2015, 1 milliard 400 millions avaient été alloués à cette activité, mais la carte n’a jamais vu le jour.

 

Seuls deux ministères vont se réjouir de la hausse de leur budget. Tout d’abord celui du développement communal dont le budget passe de 9 milliards de francs à 61 milliards de francs. Le Gouvernement a annoncé l’allocation de 500 millions de francs à chaque commune du pays, ce qui explique la hausse très importante du budget du ministère. Reste à savoir si les communes pourront réellement être capables d’utiliser ce budget via des projets concrets. L’autre ministère qui y gagne est celui de la fonction publique où 20 milliards de plus sont alloués pour servir à harmoniser les salaires selon le Gouvernement.

 

Les ministères sociaux et économiques par contre voient leurs budgets fortement diminués. Il faut dire que ce sont ces ministères qui bénéficiaient principalement de l’appui des partenaires et bailleurs. Le ministère des affaires de la communauté est africaine connait une coupe de 379 millions de francs. Celui de l’éducation nationale perd 6 milliards de francs de son budget tandis que le ministère de la santé publique perd 4 milliard de son budget comparé à 2015, dont 503 millions de francs qui représentaient la contribution du Gouvernement aux programmes de vaccination. Le ministère du commerce est pour sa part amputé d’1 milliard de francs et celui de l’énergie et mines perd 8 milliards de francs cette année comparé à 2015 essentiellement dû à la réduction des budgets sur des projets d’électrification, d’aménagement des barrages et autres.

 

Le Ministère de l’agriculture et de l’élevage est le plus touché avec 12 milliards de moins sur son budget et passe de 35 milliards à 23 milliards de francs, alors que plus de 90% de la population vit de l’agriculture en milieu rural. Ainsi, des coupes sont opérées dans plusieurs projets de ce ministère comme la recherche agricole et d’autres. Pire encore, le fond stratégique de sécurité alimentaire devient quasi nul puisqu’il passe de 1 milliard de francs à seulement 50 millions de francs. Et pourtant, le Burundi connait des crises alimentaires constantes depuis quelques années. 

 

Le Gouvernement Nkurunziza ne cesse de plaider une bonne santé financière depuis des mois malgré les chiffres alarmants. Mais ce budget 2016 vient contredire pour de bons ce discours.

 

Leave a comment

Make sure you enter all the required information, indicated by an asterisk (*). HTML code is not allowed.

Faire un don

Nos journaux parlés

Qui est en ligne?

Nous avons 237 invités et aucun membre en ligne

Click to listen highlighted text! Powered By GSpeech