Les enquêtes menées par la RPA révèlent que des policiers et des agents du service national des renseignements profitent de la crise en cours pour arrêter et rançonner des jeunes ou leurs familles. Il s’agirait d’une nouvelle formule qui se cache derrière cette politique d’arrestation des gens, peu importe qu’ils aient participé ou non aux manifestations contre le troisième mandat du Président Nkurunziza.
De façon générale, les personnes arrêtées habitaient dans les quartiers marquées par les manifestations. Une fois arrêté, il n’est pas rare que la famille du jeune homme sous les verrous soit contactée. Le message donné est clair : accepter de payer un certain montant si la famille veut revoir le leur.
Ainsi, un parmi les jeunes arrêté en commune urbaine de Cibitoke témoigne : « Après m’avoir arrêté, on m’a demandé le numéro de téléphone de mon père. Ils l’ont appelé alors qu’ils me frappaient fort. Les vitres de la voiture qui me transportait étaient fermées. On était tout près du lac Tanganyika, et ils ont dit à mon parent que s’il ne donne pas de l’argent contre ma libération, je risque la mort. Je leur ai supplié de me laisser parler à mon père parce que je me sentais inapte de résister aux coups. Ils ont refusé de me passer le téléphone mais j’ai entendu l’un d’eux dire qu’on lui accorde quelques minutes, le temps de trouver cette somme. Après un temps, ils m’ont dit de ne plus semer le désordre dans le pays, et m’ont déposé au terrain dit Tempête »
Ce phénomène qui se manifeste à Mutakura et Cibitoke est mis en exécution par trois groupes de gens : les agents du SNR, les policiers et les jeunes «Imbonerakure » du parti CNDD-FDD. Selon nos sources, ces jeunes du parti au pouvoir seraient les principaux à élaborer les listes des jeunes « manifestants » à arrêter et s’arrangent pour trouver ceux qui auraient des parents qui seraient capables de payer le montant exigé.
D’après toujours les informations recueillies auprès de nos sources, lorsque la somme demandée est rassemblée, les auteurs de ce que les jeunes arrêtés appellent « kidnapping » utilisent des véhicules sans plaque d’immatriculation, des véhicules appartenant généralement au Service National des Renseignements. Comme dans les films, des instructions sont données au parent pour que les deux parties se rencontrent. Ce n’est qu’une fois l’argent récupéré que la personne est relâchée.
Un membre de la famille d’un jeune homme arrêté affirme qu’il a donné de l’argent pour que ce dernier ne soit pas assassiné : « Ils m’ont demandé si je dispose du montant exigé. Ils m’ont aussi dit que si je révèle cela ils vont me tuer. Et j’ai entendu l’un d’eux dire au téléphone ‘libérer cet imbécile’. Je l’ai retrouvée tout près de la société « SODECO » et il était tellement fatigué et se trouvait dans un mauvais état ». Mais notre témoin se refuse de dire quel montant il a dû payer pour cette libération.
Les mêmes sources précisent que les personnes arrêtées sont détenues au cachot du Service National des Renseignements ou celui de l’ex Bureau Spécial de Recherche ‘’ BSR ‘’.
