Les événements de ce mardi après-midi au quartier 3 de la commune Ngagara resteront sans doute gravés dans les mémoires des habitants du quartier. Après l’attaque à la grenade sur des policiers en tenue civile où un agent est mort sur le champ, un deuxième blessé grièvement et un troisième rescapé, le cauchemar a commencé pour les habitants du quartier 3.
Des sources précisent que quelques minutes après l’explosion de ces grenades, de nombreux coups de feu ont retenti durant près de deux heures. Beaucoup de ces habitants se sont terrés dans leurs maisons en attendant que les coups de feu s’arrêtent, bien qu’ils ne savaient pas ce qui se passait à ce moment. D’autres témoins indiquent avoir vu débarquer des camionnettes remplis de policiers aux tenues des agents de l’API, la police de protection des Institutions. « Ces policiers lourdement armés tiraient sur tout ce qui bouge » témoignent nos sources.
Arrivés au lieu communément appelé chez « Muzungu » toujours au quartier 3, les policiers auraient stoppé leurs véhicules pour commencer à entrer dans les ménages en tirant sue les murs, les portails et les véhicules. D’après toujours nos témoins, ils auraient intimé l’ordre aux personnes de sortir de leurs maisons. Les mêmes policiers seraient parvenus à entrer dans un ménage, en l’occurrence celui de Christophe Nkezabahizi cameraman à la télévision nationale. Notre confrère a aussitôt reçu une balle dans la tête, de même que son épouse et ses 2 enfants mineurs. Nos sources indiquent qu’un élève qui révisait les cours avec l’un des enfants de Nkezabahizi ainsi que d’autres personnes qui avaient pris refuge dans le ménage dès le début des tirs ont aussi été abattues par les policiers.
Ce mercredi matin, c’est un spectacle macabre que les habitants ont découvert : au total 9 personnes tuées et des traces de sang sur le sol. Au quartier 3 de Ngagara, ce n’étaient que larmes et visages fermés après la découverte de ce qu’ils qualifient de « massacre ».
« Nous avons abattu des assaillants »
La police, via son porte-parole, campe sur sa déclaration de ce mardi à savoir que les agents de l’ordre étaient à la poursuite des « assaillants » qui venaient d’abattre et de blesser des policiers. Le porte-parole du Gouvernement a, en début de soirée ce mercredi, présenté ses condoléances à la famille de notre confrère Christophe Nkezabahizi. Philippe Nzobonariba a demandé aux instances habilitées de mener des enquêtes pour connaître la vérité sur les événements de la veille à Ngagara. Il semble par contre que pour le Ministre de la Sécurité Publique « la vérité » soit déjà connue. Sur la télévision nationale, Alain Guillaume Bunyoni a déclaré que « les assaillants » prennent comme boucliers de paisibles citoyens et explique que la famille Nkezabahizi a été victime de telles pratiques.
Mais des habitants du quartier 3 à Ngagara dénoncent une tentative de manipulation du Ministre pour couvrir le carnage des policiers.
Attaque contre le bureau de la zone Ngagara et une jeune fille assassinée à Jabe
La nuit aura été très longue pour les habitants de Ngagara. Après l’attaque au quartier 3 menée par la police présidentielle, de nouveaux coups de feu et explosions de grenades ont été entendus vers 22 heures. Selon des sources, un groupe de gens armés non identifiés ont attaqué à la grenade et à l’arme automatique le bureau de la zone Ngagara situé au quartier 4. Aucune victime mais les véhicules stationnés devant le bureau de la zone ont été criblés de balles et les vitres cassées. Une attaque simultanée identique à la première était menée à l’école secondaire Saint Albert au quartier 6. Une roquette a aussi été utilisée selon des habitants du quartier, détruisant une partie du mur de l’école. Après ces attaques, des tirs ont retenti jusqu’à minuit dans différents quartiers de la zone Ngagara, créant la panique dans les ménages surtout après le carnage survenu au quartier 3.
Dans la même nuit, des grenades et des tirs ont retenti au quartier Jabe. Ce mercredi matin, le corps d’une jeune fille prénommée Lynca a été découvert sur un terrain non loin du bar chez Ntekumutwe. Elle aurait été victime d’une attaque à la grenade, mais les auteurs n’ont pas été identifiés.
La peur est de plus en plus palpable au sein des habitants de différents quartiers de la ville de Bujumbura qui ne voient pas le bout de ce tunnel d’insécurité quotidienne qu’ils traversent. Au quartier 3 de Ngagara, certaines familles ont préféré déménager dès ce mercredi matin, pour tenter de fuir les exactions de la police.
